Ghani Kolli reprend la direction de Credo

Collègues, partenaires et ami.e.s de Credo,

C'est avec un mélange de respect et d’enthousiasme pour l'avenir que nous vous annonçons le départ de Christian Bélair en tant que Président et cofondateur de Credo. Après 10 années de service dévoué et de leadership, Christian a décidé de passer le flambeau à Ghani Kolli, associé chez Credo depuis bientôt 3 ans.

Dans ses mots, Christian partage : « Plusieurs le savent, co-fonder une entreprise, l’amener à 10 ans et assurer sa pérennité et sa relève est tout un défi! Personnellement, j’ai beaucoup appris - beaucoup est même un euphémisme! - et j’en suis très fier! Fier du chemin parcouru. »

Lire la lettre complète de Christian Bélair

Ghani Kolli, qui a joué un rôle crucial dans le développement de Credo, exprime son enthousiasme pour cette nouvelle étape :

« Je suis profondément honoré de prendre la direction de Credo, une organisation dont la mission résonne avec mes valeurs personnelles et professionnelles. Je mesure pleinement le défi que je relève. Je veux souligner la précieuse contribution de Christian Bélair et aussi de toutes les personnes qui ont croisé le chemin de Credo durant les 10 dernières années et la belle équipe qui m'entoure aujourd’hui. Ensemble, nous poursuivrons notre raison d’être qui est d’accélérer la transition socioécologique des organisations.

Cette vision s'étend au-delà des murs de Credo, englobant nos précieux client.e.s que je remercie pour leur confiance, nos partenaires dévoués qui appuient nos initiatives et recherches, et particulièrement nos consoeurs et confrères actrices et acteurs de l'écosystème de la transition socio-écologique. Je nous invite à repenser nos postures et nos rôles dans ce mouvement de transformation, dépassant la logique de compétition et de croissance effrénée vers une culture de collaboration sincère, de robustesse et de synergie. » 

Nous tenons à remercier Christian Bélair pour son leadership inspirant et son dévouement indéfectible envers Credo durant les 10 dernières années. Nous sommes également ravis de voir Ghani Kolli reprendre le rôle de Président directeur général et sommes convaincus qu'avec son leadership, Credo continuera à réaliser ses ambitions d’impact.

Cordialement,

Équipe Credo

Nancy Ha
Conversation avec Caroline Tremblay, conseillère en stratégie d’impact social

Caroline est conseillère en stratégie d’impact social chez Credo.

Membre essentiel de l'équipe Credo, Caroline se distingue par son engagement et sa passion. Sa détermination à atteindre l'excellence et sa rigueur en font une personne clé au sein de l’équipe. Lorsque la situation l'exige, elle aborde sans hésitation des questions difficiles et fait preuve d'une grande honnêteté, illustrant ainsi son attachement à ses valeurs et son désir de faire avancer ses clients tout comme ses collègues. 

Nous avons eu envie, le temps d’une conversation, de mettre les projecteurs sur elle et l’écouter se raconter.


Rencontre.


Peux-tu nous parler des moments marquants de ton parcours ?

Après l'obtention de mon baccalauréat, j'ai réalisé que je n'étais pas prête à entrer sur le marché du travail et que je ne savais pas quelle orientation professionnelle choisir. Mon diplôme en Études Est-asiatiques ne m'ouvrait pas de perspectives professionnelles spécifiques, ce qui m'a conduit à entreprendre une année d'études supplémentaire en Chine. Au-delà de l'aspect enrichissant de ce voyage à l'étranger, cette expérience m'a permis de prendre conscience de nombreux enjeux sociaux et environnementaux qui étaient plus visibles en Chine qu'au Québec. À mon retour, au lieu de me contenter d'une vision patriotique de ma terre natale, j'ai réalisé que les enjeux sociaux et environnementaux auxquels j'avais été sensibilisée à l'étranger étaient tout aussi présents ici, mais que je n'en avais pas conscience en raison de mon niveau de privilège. Ironiquement, c'est lors d'un autre voyage en Chine que j'ai finalement décidé d'orienter mon parcours professionnel vers l'impact. En effet, alors que j'occupais le poste d'acheteuse pour une entreprise de commerce de détail, je me suis rendue à Guangzhou pour assister au Canton Fair, le plus grand salon commercial au monde.

L'immensité de l'événement et la quantité de biens de consommation éphémères mis en valeur m'ont choquée, mettant en lumière l'ampleur de notre système de consommation, difficile à saisir au quotidien. Malgré la présence de produits soi-disant « éco-responsables », aucune information n'était échangée quant aux réels impacts des produits, laissant croire que ces attributs n'étaient qu'une réponse à la demande d'acheteurs cherchant des produits commercialisables à leurs consommateurs plus consciencieux. En tant que consommatrice responsable dans ma vie privée, j'ai réalisé que mon travail quotidien était complètement incohérent avec mes valeurs personnelles. C'est à ce moment-là que j'ai remis en question mon parcours professionnel et décidé de faire une maîtrise en management et développement durable pour contribuer à changer les choses non seulement du point de vue de la consommation, mais aussi de la production.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’orienter vers l’innovation sociale ?

Au départ, je souhaitais me diriger vers le domaine du développement durable, ayant été sensibilisée progressivement dans ma jeunesse aux mouvements zéro déchet, végan et au boycott de la fast fashion par mon entourage. C'est pendant ma maîtrise en management et développement durable à HEC Montréal que j'ai découvert l'impact social en suivant un cours sur l'innovation sociale offert par un ancien collaborateur de Credo. Ce fut l'un de mes cours préférés, où j'ai probablement le plus appris, étant donné que j'étais peu familière avec l’économie sociale et le milieu communautaire. Ce cours m'a définitivement donné envie de contribuer davantage à ces domaines.

Peux-tu nous parler d’une réalisation que tu as eue sur l’impact social au travers de ton parcours ?

Personne ne peut résoudre un enjeu social ou environnemental seul, mais chacun a son rôle à jouer. De cette réalisation découlent deux constats : premièrement, il est important d'être humble et d'accepter ses propres forces et faiblesses en termes d'impact. Ensuite, les organisations doivent identifier les enjeux ciblés sur lesquels elles peuvent exercer un réel pouvoir d'influence, ce que l'on appelle chez Credo le leadership d'impact. Pour exercer ce leadership, il ne suffit pas de chercher à faire un peu mieux dans tous les domaines. Les dernières décennies nous ont montré que ces actions incrémentales n'ont pas réussi à faire bouger les indicateurs des principaux enjeux sociétaux de façon profonde et significative. Il est donc temps pour les entreprises de cibler les principaux enjeux qui les concernent et d'y investir le temps et les ressources nécessaires pour adresser les problèmes à la source et mettre en œuvre des solutions plus innovantes.

Tu as accompagné plusieurs organisations dans leur démarche d’impact. Peux-tu nous en parler ?

Au cours de la dernière année, j'ai eu l'opportunité de travailler sur une grande variété de projets chez Credo, allant de l'accompagnement d'entreprises vers la certification B Corp à la planification stratégique pour des fondations philanthropiques, en passant par la création de feuilles de route personnalisées pour la transition socioécologique et des programmes de formation sur divers sujets liés à la responsabilité d'entreprise

Notre accompagnement permet aux organisations non seulement de découvrir des sujets qu'elles n'auraient peut-être pas pris en compte autrement, mais aussi de recevoir des commentaires constructifs de la part de l'équipe de Credo pour les encourager à aller plus loin dans leurs ambitions et ainsi prévenir le « washing ». Par exemple, récemment j’ai travaillé sur un projet de formation pour une entreprise, suivi d'une cocréation d'un plan d'action pour améliorer la performance sociale et environnementale dans leur chaîne d'approvisionnement. Grâce à l'approche adoptée par Credo, nous avons déjà constaté des changements dans la profondeur des ambitions de l’équipe interne, ce qui contribuera à la réalisation d'un plan d'action à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux de notre temps.

Y a-t-il des causes, des secteurs ou des enjeux sociétaux qui te tiennent particulièrement à cœur ?

Personnellement, je m'intéresse beaucoup aux sujets de l'agriculture urbaine, durable et régénérative, au développement de la mobilité active, et à la transformation des villes pour qu’elles deviennent plus humaines et résilientes face aux changements environnementaux. J'ai également été impliquée pendant un temps dans l'Association québécoise zéro déchet et je continue d'appliquer les principes centraux (réduire, réutiliser, réparer) dans mon quotidien ainsi qu’au travail en promouvant l'économie circulaire. 

Dans un contexte professionnel, j'espère pouvoir aider nos clients à transformer leurs chaînes d'approvisionnement pour les rendre plus éthiques et durables. Ayant travaillé pendant plusieurs années dans le secteur des achats, c'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur.

Y a-t-il des œuvres qui t’ont marquées et que tu aimerais nous recommander ?

Bien qu'ayant été publié pour la première fois en 1999, cet ouvrage est malheureusement toujours d'actualité. Écrit d'un point de vue journalistique, il relate l'évolution de la dominance des marques dans notre économie, s'immisçant dans nos vies dès le plus jeune âge. Il met en lumière comment ce phénomène a contribué à l'émergence de toutes sortes d'enjeux liés au marché du travail dans les pays développés, à l'exportation de la production dans des lieux aux réglementations faibles ou inexistantes, et à la consolidation du pouvoir dans une poignée de grandes entreprises ayant une marque forte. 

Je vous recommande fortement de regarder ce documentaire. Ce dernier démontre les coûts sociaux et environnementaux que les entreprises du monde de la fast fashion externalisent sur les communautés défavorisées des pays en voie de développement. Il met en lumière beaucoup d'enjeux qui sont invisibilisés à travers les chaînes d'approvisionnement complexes et le pouvoir de négociation des grandes marques d'aujourd'hui. 

Pour les adeptes de jeux vidéos, je recommande celui-ci, car il offre une expérience unique à ses joueurs en leur permettant d'explorer un monde fascinant et mystérieux tout en suscitant chez eux des réflexions profondes sur la beauté et la nature éphémère des choses.

Clea Bazantay
Des perspectives pour 2024

Credo a le plaisir d’introduire sa nouvelle série annuelle visant à dresser le bilan de l'année précédente et d’anticiper les défis et opportunités qui nous attendent dans la nouvelle année. Pour ce faire, Credo s’est récemment entretenu avec des acteurs et actrices de l’écosystème occupant des rôles de direction générale, de direction de bureau de développement durable ou de responsabilité sociale d’entreprise, et de conseil aux entreprises. 

Découvrez plus bas des exemples de réussites, d’actions concrètes et de progrès d’organisations connues en matière de durabilité au cours de l'année écoulée, mais aussi des conseils pour commencer l’année du bon pied. À travers les différents témoignages de ces leaders, nous espérons pouvoir vous inspirer en matière de pratiques responsables. 


Retour sur 2023 : Réalisations Inspirantes

L'année 2023 a été une période exceptionnelle au cours de laquelle nous avons pu remarquer l'émergence de nouvelles tendances :

Rapprochement du développement durable avec les fonctions Finances et Risques

Nous constatons un rapprochement des fonctions de développement durable avec les fonctions de Finance et de Gestion des risques. Celui-ci peut apparaître sous différentes formes :

Gestion des risques environnementaux et sociaux

Il est nécessaire pour les organisations de créer de la valeur dans la société, cependant ceci se fait souvent en laissant derrière elles des externalités négatives. Les risques environnementaux, tels que les changements climatiques et la déplétion des ressources, et les préoccupations sociales et éthiques, peuvent avoir un impact direct sur les opérations quotidiennes et les résultats financiers.

Ainsi, le département des risques doit intégrer une évaluation approfondie des risques environnementaux et sociaux (propres à chaque organisation, selon l’industrie) pour élaborer des stratégies d'atténuation et garantir la résilience de l’organisation. L’optimisation des processus, un terme connu, peut effectivement avoir un effet positif sur l’empreinte environnementale de l’organisation.

Si vous connaissez déjà le terme « Triple bottom line » qui met en valeur les 3 P que sont People (les personnes), Planet (la planète) and Profit (le profit), vous avez peut-être entendu parler du « Quadruple bottom line » qui introduit la notion de « Purpose » c’est-à-dire de raison d’être. Dans ce même ordre d’idée, de plus en plus d’organisations vont vouloir être plus transparentes et s’adonner à la divulgation ESG en publiant des rapports annuels (ESG, de développement durable ou d’impact).

Investissements responsables

La demande croissante pour des investissements socialement responsables a un impact sur les décisions financières. Les investisseurs cherchent des entreprises qui intègrent des pratiques durables et les fonds d’investissement verts se font de plus nombreux et sont de plus en plus fournis. Les pratiques responsables, et parfois le lien des opérations avec les objectifs de développement durable de l’ONU (ODD), sont également de plus en plus considérées dans les demandes de prêts.

Il existe de plus en plus de programmes de subvention pour les organisations qui souhaitent investir dans leur transition écologique, que ce soit pour de l’aide professionnelle dans la mise en oeuvre d’un plan de développement durable ou de décarbonisation, pour des rénovations visant l’efficacité énergétique, ou pour des initiatives en économie circulaire, etc.

Rémunération des cadres

De plus en plus d’organisations vont lier la rémunération des cadres aux objectifs de performance sociale et environnementale de l’organisation. Ces objectifs peuvent être à court ou long terme et permettent de formaliser l’intention de l’organisation avec des incitations monétaires. Certaines organisations choisissent même d’intégrer ces objectifs de performance sociale et environnementale à l’ensemble des objectifs de performance de leurs employé.e.s.

Planification stratégique à impact social et environnemental

Est-ce que vous prenez en compte, dans votre planification stratégique, de la résilience et de l'adaptation aux changements climatiques? De la réduction des émissions de gaz à effet de serre? De la préservation de la biodiversité? Comment ces priorités sont-elles accompagnées d’actions concrètes?

L’exercice de planification stratégique offre une direction claire et précise sur les priorités organisationnelles des prochaines années pour l’organisation. Si par le passé, les plans de développement durable ont souvent été travaillés en parallèle, cette ligne s’amincit pour intégrer directement les considérations environnementales et sociales dans la stratégie même de l’organisation. S'ensuit alors un plan de développement durable plus intentionnel et pour lequel les progrès sont analysés et suivis au plus haut niveau de gouvernance.

Croissance positive

Malgré la situation économique compliquée au Canada en 2023, une croissance a été observée chez certaines entreprises avec une contribution significative à la lutte contre les changements climatiques et à la réduction des déchets.

Chaînes d'approvisionnement circulaires et innovation

Des progrès ont été réalisés dans le développement de chaînes d'approvisionnement circulaires, l'intégration de matières innovantes, et la mise en place de systèmes de traçabilité et d'analyse d'impact environnemental au niveau des produits.


Retour sur 2023 : Défis confrontés et enseignements tirés

S’il est possible de se sentir seul.e lorsque vous faites face à un problème de taille, sachez que de nombreuses autres personnes font souvent face au même défi. Fidèle à sa philosophie, Credo met toujours de l’avant l’intelligence collective et l’action concertée, surtout entre pairs. Rencontrez-vous. Parlez-vous. Travaillez ensemble!

Accès limité aux données ESG

Le manque d'accès aux données ESG relatives aux clients et fournisseurs a émergé comme un défi majeur, mettant en lumière la nécessité d'une meilleure transparence dans toute la chaîne d’approvisionnement. Ceci peut être compliqué en raison des nombreux joueurs éparpillés sur la planète, de l’asymétrie d’information, de l’adoption de technologies à différentes étapes et du temps disponible pour mettre à jour les données.

Urgence climatique et sensibilisation politique

La difficulté à convaincre les décideurs politiques de l'urgence climatique reste un défi. Les professionnels soulignent l'importance de les équiper pour prendre des décisions durables qui ne compromettent pas les générations futures.

Perception de l'ESG

L'ESG est encore perçu par certains comme non essentiel à court terme, avec des entreprises citant d'autres priorités immédiates. La lutte contre l'écoblanchiment et le maintien de la crédibilité de l'ESG sont des préoccupations constantes.

Manque de connaissances et ressources

Un manque de connaissances internes et de ressources a été identifié comme un obstacle majeur, soulignant l'importance de l'éducation continue et du renforcement des équipes.

Complexité de la réglementation

La complexité de la réglementation en constante évolution a été soulignée pour certaines entreprises, présentant des obstacles supplémentaires pour les entreprises cherchant à mettre en place de nouvelles solutions responsables.

Retour sur 2023 : Enseignements Clés

Intelligence collective et collaboration

L'importance de rassembler des équipes multidisciplinaires a été soulignée comme un enseignement clé. Mobilisez-vous, au sein de votre organisation, des comités transversaux?

Si toutefois la création d’un comité multidisciplinaire ne semble pas réaliste, nous recommandons de vous poser la question « pourquoi »? Historiquement, plusieurs raisons peuvent entrer en cause : manque de connaissance des équipes actuelles, manque de clarté dans les objectifs (mandat) du comité, manque de soutien de la direction et du conseil d’administration, création pour des questions d’apparence seulement, composition non représentative des fonctions de l’organisation, manque de structure, rencontres irrégulières, l’impression de ne pas contribuer réellement à faire avancer les choses qui peut mener à un manque d’engagement, etc.

Il est parfois nécessaire d’aller chercher de l’aide externe pour remédier à certains de ces problèmes. Credo a notamment accompagné plusieurs organisations à monter et à mobiliser des comités internes. Nous conseillons les organisations sur la composition de ces comités et sur les prises de décisions et actions qui leur sont confiées.

L’alternative serait de voir comment vous pouvez amener vos différents départements à se parler entre eux (instances existantes) et créer une meilleure symbiose interne.

Continuer à apprendre en tout temps

L'apprentissage continu, essentiel dans un domaine en constante évolution, a été reconnu comme un moyen de naviguer avec succès dans l'incertitude et l'urgence.

Au-delà des mots : Agir

Après avoir convaincu ses équipes, il faut livrer.


Tendances 2024 : Défis et Opportunités Anticipés

Décroissance et pression sur les ressources

La décroissance, en raison de la pression sur les ressources, émerge comme un défi et une opportunité. Les entreprises proposant des modèles d'affaires conduisant à une décroissance collective pourraient tirer leur épingle du jeu.

Crise économique

Des défis potentiels liés à une crise économique pourraient influencer l’environnement politique. Il est nécessaire de trouver un équilibre entre les objectifs de RSE et les pressions changeantes des parties prenantes face aux influences politiques et économiques externes.

Êtes-vous en mesure d’agir sans être « obligé » de le faire?

Actions individuelles

Il est possible que les catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes puissent aller chercher la conscience publique et encourager la population générale à faire des actions individuelles dans leur quotidien.

Évolution dans les divulgations et les normes

L'accélération des changements dans la divulgation ESG, l'accent accru sur la biodiversité, l'arrivée de nouvelles lois et réglementations, notamment en matière de droits humains et d'acceptabilité sociale, ouvrent de nouvelles opportunités pour la nouvelle année.

L'adoption volontaire des standards de l'International Sustainability Standards Board (ISSB, une organisation nouvellement établie à Montréal) par de plus en plus d'organisations devrait également influencer les actions des entreprises en 2024.


Tout est nouveau? Quelques conseils pour les 100 premiers jours

Pour ceux et celles qui débutent dans le domaine, les premiers 100 jours sont cruciaux et influencent le reste du chemin. Ces premiers jours peuvent être frustrants car l’on confronte différentes idées dans un monde qui ne conçoit pas encore le développement durable comme une priorité.

  • Montez une équipe multidisciplinaire et entourez-vous bien.

  • Établissez un business case de l'ESG et construisez un argumentaire global équilibrant valeur d'affaires, gestion des risques et conformité réglementaire.

  • Générez rapidement quelques quick wins : cela motivera vos équipes et permettra de valoriser leur travail en interne.

  • Continuez à apprendre, car le changement arrive souvent plus rapidement que votre capacité d’adaptation. Utilisez notamment des outils de vigie (LinkedIn, alertes Google, etc.) pour rester à l’affût des nouveautés.

  • Identifiez les forces internes et externes en effectuant un SWOT.

  • Attardez-vous aux détails techniques, utilisez des outils de mesure pour identifier les sources d'émissions et les actions impactantes.

  • Identifiez vos alliés au sein de l’organisation. Renforcez des relations solides avec les équipes financières et d'audit interne, et intégrez le développement durable dans des dossiers stratégiques.


Résolutions 2024

Que vous croyez au pouvoir des résolutions de nouvel an ou non, que vous ayez construit un tableau de visualisation ou non, l’essentiel est d’adopter petit à petit de nouvelles habitudes. Ces habitudes, que ce soit pour se mettre en forme par l’exercice ou le sport, ou pour la manière dont on fait l’approvisionnement, le marketing, la philanthropie, les RH, ça se travaille.

Vous avez des questions? Vous souhaitez discuter de vos projets? Contactez-nous pour parler à un membre de notre équipe! Sur ce, Credo vous souhaite une très bonne année!


Nancy Ha
Conversation avec Jacob Yvon-Leroux, conseiller en stratégie d'impact
 

Jacob est conseiller en stratégie d’impact social chez Credo. 

Doté d’une grande capacité d’écoute et d’une véritable force d’analyse, Jacob est une personne que l’on aime avoir dans son équipe! Impliqué, passionné, perspicace et polyvalent sont tous des adjectifs qui lui correspondent très bien. Jacob est considéré comme un pilier de l’organisation.

Nous avons eu envie, le temps d’une conversation, de mettre les projecteurs sur lui et l’écouter se raconter.

Rencontre.


Peux-tu nous parler des moments marquants de ton parcours?

J'aime diviser ma vie en chapitres, comme une histoire, où chaque nouveau chapitre est une croisée de chemins très importante. En rafale, il y a eu mon enfance à la campagne, mon parcours scolaire entre Verdun et Drummondville, mon BAC à Polytechnique Montréal, ma maîtrise à Barcelone, mon premier emploi en tant que professionnel, l'arrivée des enfants, puis mon chapitre en cours : Credo. Dans chacun de ces chapitres, il y a eu plusieurs événements majeurs qui ont influencé qui je suis aujourd'hui.

Mon parcours jusqu’à Credo a réellement débuté lors de mes études en génie physique à Polytechnique Montréal. J'ai été conquis par la vie étudiante particulièrement effervescente et c’est en m’y impliquant abondamment que je me suis construit. Mes implications m’ont amené à découvrir le développement durable appliqué, mais j’ai vite réalisé que la perspective du développement durable en ingénierie au Québec était restreinte, se limitant principalement à l'impact environnemental de projets de développement. J'ai donc cherché à approfondir mes connaissances en faisant une maîtrise à l'étranger. C'est ainsi que j'ai atterri à Barcelone pour deux ans d'études en Sciences de la soutenabilité. Cette maîtrise multidisciplinaire mettait l'urbanisme au cœur de tout et m’a donc permis de combler mes lacunes dans les perspectives sociales et économiques du "développement durable". 

Lors de mon retour à Montréal, j’ai participé au Coopérathon dans le volet Éducation où j’ai fait la connaissance de Credo, avant de commencer ma carrière chez Photon etc., une entreprise d'optique-photonique. J'ai été séduit par la culture de l'entreprise, qui mettait l'accent sur les humains, l'environnement et des notions avant-gardistes. 

Qu’est ce qui t’a donné envie de t’orienter vers l’innovation sociale?

Je viens d'abord du côté de la conscience environnementale. J'ai évolué en apprenant sur les ravages du capitalisme, de la colonisation et de la mondialisation à outrance. Je crois fermement que mon $ a plus de pouvoir que mon bulletin de vote. Cependant, même si l'écosystème environnemental est le fondement de la civilisation, il est également celui qui génère le plus d'innovations, d'investissements et de solutions (bonnes ou mauvaises). De plus, lorsque nous cherchons des solutions aux problèmes environnementaux, nous nous heurtons immédiatement aux comportements humains.

Je crois profondément que les changements systémiques, gouvernementaux et corporatifs doivent d'abord passer par des changements à l'échelle individuelle, car ce sont les humains qui dynamisent tous ces systèmes.

C'est ainsi que j’ai découvert la mobilisation communautaire, le bottom-up et l'engagement citoyen. Et c'est à cette échelle que nous réalisons que, bien que l'environnement soit déjà une source d'inspiration importante, il y a encore beaucoup d'actions à entreprendre dans le domaine social. Ainsi, c’est cette prise de conscience du lien étroit entre les enjeux environnementaux et sociaux ainsi que mon parcours à Barcelone qui m’ont amené à m’orienter, en partie, vers l’innovation sociale.

Peux-tu nous parler d’une prise de conscience que tu as eue au travers de ton parcours?

Une prise de conscience majeure que j’ai vécue fut lors de ma participation dans un projet de coopération internationale au Cameroun. D’une part, j’ai été frappé par le décalage qui peut exister entre plusieurs cultures et la culture imposée par le capitalisme occidental et, en soi, le colonialisme. J’étais témoin d’un peuple situé dans un no man's land entre le déracinement de sa culture et ses traditions et son « obligation » de se conformer au capitalisme et à la mondialisation pour « réussir ».

De plus, mes réflexions étaient alors alimentées par ma lecture choc du moment: « Ébène : Aventures africaines » de Ryszard Kapuściński. D’autre part, j’ai ressenti un sentiment d’imposture en arrivant dans un pays, plein de bonnes intentions de « changer les choses » et « avoir un impact », mais de me heurter à la réalité des faits: je ne savais rien de ce pays et j’y étais moi-même un inconnu affublé d’étiquettes. C’est cette réalisation qui m’a fait me tourner vers ce que je connais le mieux, ma réalité, mon environnement et tous les enjeux qui s’y trouvent. C’est à ce moment que j’ai commencé à penser la durabilité à l’échelle humaine et locale d’abord et avant tout. Enfin, en rétrospective, j’ai compris que ce genre d’expérience de coopération internationale sert beaucoup plus le développement personnel qu’au développement international.

Tu as accompagné plusieurs organisations dans leur démarche d’impact. Peux-tu nous en parler?

En tant que fervent défenseur du "bottom-up", je crois que les changements que l'on tente de provoquer doivent d'abord avoir lieu à l'échelle individuelle pour pouvoir se propager fidèlement au sein de l'organisation. En ce sens, les accompagnements que Credo effectue sont fortement centrés sur les humains qui y prennent part. C'est pourquoi on met l'accent sur la participation des parties prenantes ainsi que sur les liens de confiance entre individus pour pouvoir se permettre des espaces d'échanges profonds.

Des changements de paradigme n'auront pas lieu si les préceptes sont seulement dans des rapports et des présentations. On doit passer par des changements de mentalité en les renforçant peu à peu, tout au long du processus. Lorsqu'on réussit ces changements, les documents et les écrits ne sont plus nécessaires. Voilà ce que l'on tente de faire lors d'un accompagnement en clarté ou en planification stratégique. Grâce à des ateliers participatifs, des discussions, des consultations de parties prenantes et d'expert.e.s, et l'usage d'outils d'aide à la réflexion et à la décision, on plante des graines pour changer les mentalités. 

Credo est en train d’adopter la gouvernance partagée comme mode d’organisation interne. Peux-tu nous en parler un peu?

La transition vers une gouvernance partagée est pour moi un véritable stimulant. J'ai toujours aimé m'impliquer à différents niveaux dans les organisations et institutions que j'ai traversées. Pouvoir trouver sa place, non seulement d'un point de vue fonctionnel dans les opérations de l'organisation, mais aussi d'un point de vue plus harmonieux avec cette entité « vivante » qu'est l'organisation, est extrêmement important et motivant.

Bien sûr, ce modèle n'est pas magique et il ne convient pas à tout le monde. La gouvernance partagée exige des compétences de gestion supplémentaires pour jongler entre les aspects internes et externes. Elle nécessite également un partage de l'imputabilité qui n'est pas toujours facile à mettre en place dès notre arrivée dans une nouvelle entreprise.

C'est un modèle qui rompt avec les conceptions traditionnelles des organisations, mais pour moi, qui perçois les organisations comme des entités vivantes participant à la société et ayant un rôle à jouer, ce type de gouvernance me semble plus fidèle à ce rôle. Bien que la transition vers la gouvernance partagée soit faite en douceur, on ressent les changements et surtout, on y participe directement.

Quels sont tes différents rôles dans l’organisation depuis la mise en place de la gouvernance partagée?

Mes implications dans les différents cercles se sont naturellement placées à l'intersection des besoins de l'organisation, de mes intérêts personnels et de mes compétences, dans cet ordre. J'ai rejoint le cercle de gestion des opérations pour répondre à un besoin urgent d'optimiser l'allocation de nos ressources, alors que l'équipe était surchargée. Quant au cercle outils technologiques, j'y participe principalement en raison de mes compétences et de mon aisance avec les technologies. Enfin, ma participation aux cercles de gestion de l'intelligence collective et de la R&D est motivée par mon désir constant d'améliorer et de développer nos connaissances et notre méthodologie d'accompagnement.

Y a-t-il des causes, des secteurs ou des enjeux sociétaux qui te tiennent particulièrement à cœur?

Je ne m'implique pas dans une organisation en particulier liée à mes valeurs. Je crois en l'importance des liens communautaires et je m'investis donc pour les renforcer. Enfin, je porte une attention particulière à partager des notions de changements de comportement nécessaires à l'échelle individuelle pour aspirer à une transition socio-écologique essentielle à la survie de notre planète. Pour ce faire, j'invite surtout les gens à être conscients de leurs habitudes de consommation. C'est une forme d'activisme plutôt douce, dirons-nous !

Y a-t-il des œuvres qui t’ont marquées et que tu aimerais nous recommander?

Ces derniers temps, j'écoute beaucoup ce groupe depuis la sortie de leur deuxième album. Il est difficile de décrire ce projet en quelques mots. Comme le nom du groupe l'indique, leur musique néo-classique/électro s'inspire du fleuve Saint-Laurent et de la nature environnante, avec en arrière-plan des images de floraison printanière et de paysages grandioses. Flore Laurentienne offre une musique intemporelle où l'humain s'efface pour laisser place à quelque chose de plus grand.

Pour ma dernière recommandation, je voudrais partager un balado fort pertinent et représentatif du quotidien de Credo sur l’ouvrage Winners Take All d'Anand Giridharadas. Déjà que le livre est excellent par le regard rafraîchissant qu’il porte, le balado est habilement mené par le journaliste Ezra Klein qui creuse les failles et angles morts dans des discussions profondes et éclairantes avec l’auteur. Dans ses écrits, Anand Giridharadas aborde de front la question du statu quo qui maintient les enjeux sociaux en vie malgré toutes les initiatives pour tenter de les résoudre. Il met en lumière l'élite, comme il l'appelle, qui n'ose pas compromettre sa situation malgré que cela permettrait probablement d'éliminer les injustices qu'elle tente de combattre dans un contexte gagnant-gagnant. Je recommande vivement le balado, même si vous n’avez pas lu le livre !

 
Clea Bazantay
Avons-nous perdu le contrôle de nos approvisionnements?

Caroline Tremblay, Conseillère en stratégie d’impact

Dans un contexte où l’on perçoit de plus en plus les effets des changements climatiques, la pression sur les entreprises pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et pour minimiser leurs autres impacts environnementaux se fait plus grande. Plusieurs d’entre elles se lancent dans la reddition de comptes ESG et dans la mise en place de plans d’action pour améliorer leurs pratiques et devenir plus écoénergétiques. Il est effectivement important pour chacune de faire ce travail d’introspection, mais un autre champ d’action, au potentiel d’impact probablement beaucoup plus grand mais plus difficile à contrôler, demeure essentiel : celui de travailler à améliorer la performance sociale et environnementale dans la chaîne d’approvisionnement. 

En effet, selon une étude de la firme McKinsey, plus de 80 % des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des biens de consommation proviendraient de la chaîne d’approvisionnement. Et c’est sans compter les nombreux enjeux liés aux conditions de travail, au respect des droits humains, à l’esclavage moderne et au maintien d’une forme de néocolonialisme que l’externalisation de la production et de l’extraction des ressources naturelles dans des pays lointains exacerbe. 

Le business case pour des chaînes d’approvisionnement durables et responsables n’est pas nouveau. Elles permettent de : 

  • réduire les risques (par exemple en évitant d’entacher la réputation découlant de fournisseurs ne respectant pas les normes internationales)

  • augmenter la productivité (par exemple en augmentant l’efficacité, réduisant ainsi les coûts)

  • générer de la croissance (par exemple en satisfaisant une clientèle sensibilisée aux enjeux ou en innovant dans le processus)

Soyons franc, rendre sa chaîne d’approvisionnement plus responsable est plus facile à dire qu’à faire. Plusieurs grandes entreprises ainsi que des organisations influentes comme le UN Global Compact se sont penchées sur la question pour créer un cadre permettant aux entreprises de responsabiliser leurs pratiques avec leurs fournisseurs : grilles de sélection de produits et/ou de fournisseurs intégrant des critères sociaux et environnementaux, codes de conduite, audits, évaluations de performance des fournisseurs, etc. 

La création et la standardisation de ce type de structure est un bon point de départ. Cependant, pour arriver à la hauteur des enjeux auxquels celle-ci souhaite répondre, il est crucial de non seulement mettre en place les outils et mécanismes nécessaires pour comprendre l’impact de sa chaîne d’approvisionnement et faire preuve de transparence, mais aussi de s’assurer que des améliorations concrètes ont lieu, et ce à travers toute la chaîne de valeur, et pas seulement pour les fournisseurs directs (niveau 1). 

L’approvisionnement responsable pour B Corp

C’est également ce qui transparaît dans la nouvelle mouture de la certification B Corp (à venir) : au lieu d’une section séparée dédiée à l’approvisionnement (politiques et mécanismes d’engagement avec les fournisseurs) dans un des cinq domaines d’impact, B Lab prévoit intégrer la question de la responsabilité dans la chaîne d’approvisionnement de façon transversale pour évaluer les résultats concrets. Par exemple, pour se qualifier, les entreprises avec un impact environnemental significatif devront rendre compte de leurs plans et mesures pour verser aux travailleurs dans leur chaîne d’approvisionnement un salaire viable*. Toutes devront également conduire une évaluation des risques en matière de droits de l’homme au moins tous les trois ans, établir une stratégie et un plan d’action pour adresser ces risques, assurer que les politiques et procédures sont cohérentes pour les réduire, et informer tous.tes leurs employé.e.s concerné.e.s par cette question, notamment les départements des achats. Les entreprises ayant une chaîne de valeur avec des émissions de GES significatives devront obligatoirement prendre en compte leurs fournisseurs dans leur plan d’action climatique.

Et maintenant?

Entreprendre une démarche d’approvisionnements responsables n’est chose facile et peut prendre du temps. Chez Credo, nous croyons qu’il s’agit d’un sujet essentiel à aborder et qui vaut la peine d’être pensé stratégiquement pour maximiser l’impact de l’entreprise. Au-delà de mettre en place les outils et mécanismes mentionnés ci-haut, nous proposons aux entreprises qui souhaitent se pencher sur la question de : 

  1. Comprendre le type d’impact qu’elles cherchent à avoir et intégrer la question des approvisionnements de façon transversale dans leur stratégie de responsabilité d’entreprise : Est-on à un stade où l’on cherche plus à réduire notre empreinte carbone et autres impacts négatifs? À engendrer des bénéfices spécifiques pour certaines parties prenantes comme nos clients, notre communauté et/ou nos fournisseurs? Ou à contribuer à résoudre les enjeux à la source par du travail de collaboration externe ou par l’innovation?

  2. Réfléchir aux approvisionnements dans une perspective circulaire : Comment modifier le produit ou le processus de production pour réduire la consommation de ressources, ou pour favoriser la réutilisation du produit ou de ses composantes? Plusieurs stratégies d’économie circulaire impliquent des partenariats plus prononcés avec les fournisseurs.

  3. Choisir le type d’approche que l’on souhaite valoriser dans les approvisionnements : Veut-on se doter de critères précis pour se procurer des biens et des services auprès d’entreprises qui sont déjà avancées dans leurs pratiques de développement durable? Accompagner nos fournisseurs existants à effectuer la transition avec nous vers de meilleures pratiques? Ou travailler avec d’autres acteurs dans notre secteur pour rehausser les normes?

  4. Travailler de pair avec les autres fonctions de l’entreprise pour intégrer la durabilité de façon transversale, particulièrement avec la fonction R&D pour la conception de produits durables et la logistique pour que les pratiques de transport et distribution soient cohérentes avec nos ambitions environnementales.

  5. Former les employé.e.s sur tous les aspects concernés et les intégrer dans la démarche, ce qui facilitera la gestion du changement en atténuant les craintes, en augmentant la mobilisation, et en s’assurant que les objectifs établis sont cohérents avec la réalité quotidienne des personnes.

Si vous êtes intéressé.e à entreprendre une démarche d’approvisionnement responsable, Credo offre une série de formations spécifique sur ce sujet ainsi que des ateliers interactifs permettant aux entreprises de réfléchir à leur chaîne d’approvisionnement de façon à contribuer stratégiquement à l’atténuation et à la résolution des enjeux qui leurs sont spécifiques. Contactez-nous.

*Le « salaire minimum vital » fait référence à un salaire qui permet à un individu de vivre dignement. Il se distingue donc du salaire minimum légal et est calculé par des organismes indépendants qui valident sur une base des coûts de la vie par région. 


Guest User
Conversation avec Maroua Aïkous, conseillère en évaluation d’impact

Maroua Aïkous est conseillère en évaluation d’impact chez Credo. 

Elle est l’une de ces personnes que l’on qualifie de solaires qui nous mettent le sourire aux lèvres au quotidien. Dotée d’une oreille attentive, Maroua est une personne vers qui les membres de l’équipe Credo aime se tourner pour discuter. En raison de son amour des mots et de son esprit critique, c’est aussi souvent à elle que l’on fait appel pour relire et bonifier les livrables. Maroua est une personne engagée qui a à cœur de s’impliquer pour l’éducation et la lutte contre les inégalités systémiques.

Nous avons eu envie, le temps d’une conversation, de mettre les projecteurs sur elle et l’écouter se raconter.

Rencontre.

 

Peux-tu nous parler des moments marquants de ton parcours?

Je me sens être un patchwork de toutes mes expériences de vie, chacune d’elles ayant contribué à forger mon identité et à me construire en tant que personne. Je suis de nature très curieuse et en raison de ma positionnalité, j’ai eu très tôt conscience des enjeux socio-économiques qui régissent nos sociétés. Plus jeune, je me sentais en colère et j’avais soif de justice sociale. J’ai appris à prendre ma place dans un environnement qui pouvait m’être hostile et j’ai toujours considéré le savoir et la recherche de connaissances comme une force considérable. J’ai aussi eu la chance de correspondre au moule du système scolaire, ce qui m’a poussé à poursuivre mes études. Je voulais apprendre pour contrer l’injustice et cultiver mon agentivité. Enfant, j’étais persuadée que je deviendrais avocate, avant de réaliser qu’étudier le droit ne m’intéressait pas réellement. Je me suis ensuite découvert un grand intérêt pour les sciences sociales et économiques, car elles me permettaient de mieux comprendre la société et ses systèmes.

À 17 ans, j’ai mené, avec une camarade, un projet d’étude sur les cas de conscience (conscience minimale, coma, état végétatif, locked-in syndrome) et les enjeux éthiques qu’ils impliquent. Nous l’avions présenté au Comité Consultatif National d’Éthique à Paris, et je suis tombée en amour avec la recherche scientifique. Soutenue par mon goût pour les mathématiques, j’ai ensuite obtenu un BAC en Économie Quantitative puis une maîtrise en Analyse et Politique Économique. C’est la recherche qui m’a conduite à Montréal. 

Par la suite, j’ai estimé que ma formation ne m’avait pas suffisamment permis d’explorer les notions du « développement durable », alors j’ai fait un DESS dans ce domaine pour approfondir mes connaissances. Finalement, après avoir travaillé dans le milieu académique, j'ai souhaité explorer le monde de l'entreprise afin d’être plus proche des acteurs de l'écosystème.

Qu’est ce qui t’a donné envie de t’orienter vers l’impact social?

Lorsque j’ai découvert l’économétrie, la branche de la science économique qui vise à estimer les modèles économiques, j’ai été fascinée par l’idée de pouvoir tester statistiquement une hypothèse pour la vérifier. Dans la vie, je suis grandement guidée par mon système de valeurs, et j’ai une forte propension à rechercher des preuves scientifiques pour appuyer mes croyances et ma perception de la vérité. Je me questionne naturellement sur le sens des choses, les  « pourquoi » et les  « comment ». Je suis confortée par les chiffres et les données. L’économétrie m’a offert un outil pour nourrir ce besoin et m’a ouvert la porte vers l’évaluation d’impact pendant ma maîtrise. 

J’ai commencé par étudier l’impact économique, et j’ai mené une recherche qui m’a passionnée avec un chercheur de l’Université Laval afin de mieux comprendre l’effet des politiques publiques sur l’aménagement du territoire (disponible en ligne). Par la suite, je me suis davantage concentrée sur des questions environnementales avant de me tourner vers l’impact social, fondamentalement parce que la justice sociale a une grande place dans mes réflexions et mes valeurs.

 
 

Peux-tu nous parler d’une réalisation que tu as eue sur l’impact social au travers de ton parcours?

Parfois, la notion d’impact est mal comprise. Pour l’anecdote, un de mes professeurs de philosophie fronçait les sourcils à chaque mention du mot « impact », parce qu’il le définissait comme “un choc, un trou laissé par un projectile”. Plus tard, une définition algébrique m’a permis de me réconcilier avec ce terme. Par essence, mesurer un impact, c’est évaluer la différence pour un résultat donné entre un groupe de contrôle et un groupe de traitement. L’impact en soi est neutre, contrairement à son association souvent positive. Reconnaître les effets négatifs d’une organisation est essentiel pour avoir une vue globale et réaliste. D’ailleurs, les effets négatifs identifiés servent de levier pour des améliorations. En plus de cela, il est important de réaliser que les enjeux sociaux sont interconnectés et enracinés dans les structures et normes sociales, d’où l’intérêt de traiter les éléments d’un système dans leur ensemble. L’approche systémique est ainsi particulièrement pertinente pour l’impact social, puisqu’elle permet d’aborder des enjeux complexes de manière holistique et de générer des changements profonds.

Tu as accompagné plusieurs organisations dans leur démarche d’impact. Peux-tu nous en parler?

En tant que conseillère en évaluation d’impact, j’accompagne des organisations à définir un cadre d’évaluation et à mesurer leur impact. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est l’approche de proximité et de confiance que nous développons avec nos clients, afin d’être en mesure de capter la profondeur et la portée de leurs activités. C’est d’autant plus important que le déploiement du cadre d’évaluation doit pouvoir s’adapter à leur réalité et en tenir compte, sans quoi il ne peut être pleinement actionnable. Mener une évaluation d’impact peut être chronophage et ardu, mais cela permet de démontrer les réalisations concrètes, mettre en lumière les efforts déployés et guider les décisions futures. C’est une démarche d'amélioration continue, et en tant que conseillère j'apprends moi-même constamment des organisations que nous accompagnons.

Y a-t-il des causes, des secteurs ou des enjeux sociétaux qui te tiennent particulièrement à cœur?

Comme mentionné précédemment, j’ai un fort intérêt pour la justice sociale. Je m’intéresse notamment aux enjeux liés à l’intersectionnalité et aux inégalités systémiques et structurelles qui peuvent limiter l'accès aux ressources, aux services, à l'éducation, à l'emploi et à la participation citoyenne. J’ai grandi en France, dans un quartier prolétaire où la plupart des travailleurs sont ouvriers dans une usine automobile. En France, seulement 4% des diplômés de maîtrise sont enfants d'ouvriers d’après l’INSEE (l'équivalent de Statistiques Canada). Cette statistique fait grandement écho à mon expérience. J’ai de l’aversion pour les discours méritocratiques et je me sens pleinement impliquée dans la lutte pour l’accès à l’éducation et contre les inégalités systémiques. Plus globalement, le sexisme, le racisme et l’homophobie sont les trois grands maux que je combats presque quotidiennement en partageant autour de moi des outils d’éducation et de sensibilisation.

Y a-t-il des œuvres qui t’ont marquées et que tu aimerais nous recommander?

En tant que fan de rap français, je vous recommande d’écouter cette chanson qui aborde divers thèmes sociaux et politiques. Elle traite des réalités vécues par les habitants des banlieues françaises, confrontés à des défis économiques, sociaux et culturels, et évoque les inégalités, la discrimination et les stéréotypes qu’ils subissent. C’est une critique sociale qui incite à la réflexion et à l'action pour un changement positif.

Étant également passionnée de sexologie, je vous recommande ce manuel d’éducation sexuelle inclusif, qui aborde la sexualité avec humour et sans complexe. Cet ouvrage lève les tabous et les idées reçues avec beaucoup de bienveillance. 

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B Corp | Best for the World 2022 en Gouvernance

La gouvernance d’une entreprise - ses orientations, la manière dont elle prend des décisions, sa capacité et son agilité à rendre des comptes et à se responsabiliser - affecte certes toutes ses parties prenantes, mais aussi tous ses leviers d’impact. Est-ce que les enjeux sociaux et environnementaux sont toujours pris en compte dans le processus décisionnel, ou est-ce qu’ils sont seulement pris en compte lorsque des tendances poussent vers une certaine direction? Mieux encore, ces enjeux sont-ils prioritaires vis-à-vis de la profitabilité? 

La gouvernance est le véhicule par lequel une organisation confirme son intention de s’engager dans une démarche axée sur la création d’impact positif pour ses parties prenantes, et ainsi, de changer le « business as usual ». En effet, sans une gouvernance axée sur l’impact positif, il est difficile d’aligner des décisions d’affaires sur la création de valeur positive pour ses parties prenantes, d’aligner les processus internes sur la bienveillance envers ses collaborateurs et collaboratrices, ou encore d’aligner ses façons de faire sur la préservation des milieux naturels, par exemple. En toute transparence, même avec une gouvernance axée sur la création et l’amplification de l’impact positif, de telles démarches sont toujours complexes. 

C’est pourquoi nous sommes honorés et fier.e.s de pouvoir à nouveau figurer sur le palmarès des entreprises Best for the World du B Lab dans la catégorie de la Gouvernance, et ce pour la troisième fois (2018, 2019, 2022) depuis notre première certification en 2017. Ce palmarès liste ces entreprises qui obtiennent les meilleurs résultats pour cette catégorie lors de la certification, attestant de ce fait même du sérieux de leur démarche quant à leur mission, leur éthique, la transparence de leurs processus et leur responsabilité auprès des parties prenantes, le tout étant enchâssé dans leurs documents internes. 

Toutefois, même fort.e.s d’une dernière certification à 109.1 points, dont 20.7 sont consignés à la gouvernance, c’est aussi avec une grande humilité, sens de la responsabilité et vulnérabilité que nous abordons cet honneur. En effet, nous refusons de considérer cette reconnaissance externe comme un signe que nos pratiques soient parfaites et suffisantes. Cela ne change pas que notre gouvernance est toujours transparente et que nous prenons toujours action sur notre mission en tant qu’entreprise d’impact. Nous sommes d’autant plus fier.ère.s, chez Credo, d’offrir un espace ouvert et bienveillant pour parler de tous les sujets, et ce avec tout le monde, peu importe le titre de tout un chacun. Et ça, c’est parce que notre vision de l’impact, la considération de toutes nos parties prenantes, incluant l’environnement, est au cœur de notre organisation, de nos statuts légaux, de notre prise de décisions et de notre façon de faire les choses.

Mais, comme nous le disions dans un dernier billet sur nos apprentissages lors de notre dernière recertification, le parcours B Corp en est un d’apprentissages constants, et ce pour toutes les organisations qui s’y adonnent sérieusement. Nous avons notamment réalisé à quel point la gouvernance était centrale à toute vision d’impact car elle aura un effet sur plusieurs autres domaines d’impact. C’est ce qui nous a poussé à voir notre gouvernance de façon beaucoup plus holistique. 

D’un côté, nos orientations et leur consécration au cœur de ce que nous faisons auront un effet autant sur nos collaborateur.rice.s que sur nos façons de travailler avec nos clients, par exemple. En effet, nous avons réalisé qu’autant notre rythme de travail, nos méthodes et la bienveillance que nous voulons démontrer à nos clients, et les décisions prises dans ces contextes auront un impact sur nos collaborateur.rice.s. Ainsi, nous affirmons que la gouvernance est la clef de voûte pour aligner ces éléments, et créer de la valeur et de l’impact positif pour nos collaborateur.rice.s, nos clients et l’écosystème, et pour assurer la pérennité de l’entreprise. 

D’un autre côté, la gouvernance aura aussi un impact fondamental sur comment nous nous positionnons dans l’écosystème, et la manière dont nous considérons nos parties prenantes. Devrions-nous, par exemple, collaborer directement avec nos compétiteur.rice.s pour élaborer et mettre à l’échelle des projets d’impact systémique? La réponse est simple chez Credo : oui. Par qui nous sommes, pour qui ils.elles sont, nous nous devons de créer de la valeur positive et de l’impact pour notre écosystème au sens large, incluant avec la “compétition” dans une logique de coopétition. Une réalisation qui semble contradictoire et contre-intuitive dans un système bien capitaliste.

Credo Impact firme d'impact social Best for the World 2022 B Corp Gouvernance
Ayez un impact positif à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux
impact positif des entreprises credo impact

Photo par Félix Besombes pour Unsplash

Dans ce billet d’opinion, Christian Belair, co-fondateur et président de Credo, urge les entreprises à changer de posture. Une condition sine qua non pour avoir un réel impact positif. Et être à la hauteur des enjeux qui nous défient collectivement.

Au fil des ans, la perception du rôle de l’entreprise a changé. D’un rôle essentiellement consacré à maximiser les profits et les bénéfices pour les actionnaires, le rôle de l’entreprise est progressivement devenu plus large. L’entreprise vise aujourd’hui à avoir une contribution positive dans la société et pour l’ensemble des parties prenantes, à commencer par ses employés et les communautés dans lesquelles elle s’insère.

La responsabilité sociale des entreprises a également évolué. Il n’est plus question aujourd’hui de se limiter uniquement à gérer les risques de l’entreprise. Autrement dit, il n’est plus question de porter uniquement son attention sur les enjeux qui affectent le « core business » et la rentabilité de l’entreprise. Il n’est plus suffisant de se contenter de l’acceptabilité sociale, c’est-à-dire de continuer à fonctionner dans les « limites » de ce qui est acceptable par les parties prenantes, les citoyens et les gouvernements.

Respecter la loi seule ne suffit plus pour être un « bon citoyen corporatif ». Comme le fait d’effectuer des dons dans sa communauté en fin d’année! Aujourd’hui, les enjeux sociaux et environnementaux, telle que la crise climatique, menacent notre survie comme espèce, notre capacité à progresser ensemble. Les inégalités sociales continuent d’augmenter et de créer des fractions sociales qui nuisent profondément au bien-être de nos sociétés. Il est donc attendu des entreprises aujourd’hui qu’elles clarifient leur rôle, leur raison d’être en société.

Au-delà de réduire leur impact négatif sur une multitude d’enjeux ou de rendre des comptes à la marge à la fin de la journée, les entreprises doivent démontrer clairement en quoi leur contribution est suffisante pour « régler » les enjeux de notre temps. En plus d’adopter les bonnes pratiques existantes, on demande donc aux entreprises d’innover dans leurs pratiques, de passer d’une logique de compromis (entre l’économique, le social et l’environnemental) à une logique de création de valeur partagée. Il s’agit de voir et saisir le potentiel que représente la combinaison de ces trois aspects - économique, social et environnemental -, au cœur même de la définition du développement durable.

On s’attend à ce que la posture des entreprises change. Les entreprises ne peuvent plus être « égocentriques », en ne faisant que ce qui est bon pour elles ou en agissant seulement selon leur seul bon vouloir. Elles doivent se poser la question de savoir si leur contribution est suffisante pour régler réellement les enjeux auxquels elles prétendent s’attaquer.

On s’attend à ce que les entreprises jouent un rôle actif dans la résolution d’un ou de plusieurs enjeux pour lesquels elles ont des forces distinctives, une capacité d’action spécifique qu’elles seules peuvent mettre à contribution. Qu’elles s’engagent, qu’elles aillent au-delà de ce qu’elles pensent pouvoir faire aujourd’hui, pour être à la hauteur de ce que les enjeux exigent que nous fassions collectivement pour les résoudre.

Si ce billet d’opinion vous inspire, vous questionne, ou que vous êtes prêt.e à repenser la contribution de votre entreprise aux enjeux sociaux et environnementaux actuels, n’hésitez pas à nous laisser un message.

Guest User
Conversation avec Nancy Ha, conseillère en stratégie d'impact
 

Nancy Ha est conseillère en stratégie d’impact chez Credo. A la fois discrète et posée, elle fait preuve d’une rare écoute, attentive et calme. Poussée par une grande curiosité et une envie de comprendre, pour trouver des solutions adaptées et pertinentes, Nancy ne ménage pas sa peine. Elle plonge dans le travail avec une rigueur et une détermination positive sans faille.

Nous avons eu envie, le temps d’une conversation, de mettre les projecteurs sur elle et l’écouter se raconter. Pour en savoir plus sur elle. Une jeune femme à l’intelligence vive, et au sourire énigmatique.

Rencontre.

 

Peux-tu nous raconter les moments marquants de ton parcours ?

J’étais très timide au secondaire mais mon premier emploi au McDonald’s a beaucoup changé ma mentalité. Quand tu dois crier « Trio Big Mac » à deux heures du matin, tu cesses rapidement d’être timide. Je suis restée deux ans là-bas puis j’ai travaillé trois ans dans le commerce de détail, aux ventes. C’est là que j’ai commencé à aimer la mode. C’est certainement ce qui m’a conduite ensuite à travailler quatre ans en marketing, pour l’entreprise de mode québécoise Soïa & Kyo. Je gérais les médias sociaux, les relations avec les influenceurs, les relations presse. Ce que j’aimais le plus faire, c’est coordonner les photoshoots. J’ai d’ailleurs beaucoup voyagé pour ça à l’époque, à Los Angeles, en France. De l’extérieur, c’était une job de rêve. Mais tout n’est pas glamour dans la mode. Quand la pandémie est arrivée, je ne voyais plus du tout mes collègues de travail, alors que je les adorais. Je me suis sentie assez seule, pour être honnête. Ça m’a fait beaucoup réfléchir à ce que je voulais faire dans le futur, parce que je ne me voyais pas faire ça toute ma vie. 

J’ai toujours voulu retourner aux études pour apprendre encore plus. Au début, j’ai hésité à poursuivre mes études en communication-marketing, car je suis déjà diplômée de l’Université de Montréal, mais j’au eu envie de faire quelque chose de complètement différent. Je me suis donc inscrite au DESS de développement durable à HEC Montréal.


Qu’est-ce qui t’a donné envie de changer de trajectoire ? 

Déjà quand j’étais dans la mode, je m’intéressais aux modes de communication plus responsables, aux lignes plus durables, aux conditions de vie des travailleurs, aux matériaux recyclés. Chez Soia & Kyo, on avait déjà mis en place un atelier de réparation pour que les clients puissent garder leurs manteaux plus longtemps. C’est un aspect que j’aimais beaucoup. 

Je pense que le développement durable a beaucoup de potentiel pour les entreprises. Ça représente le futur des organisations. Les entreprises qui veulent être pérennes dans trente ou quarante ans doivent nécessairement modifier leurs opérations, la manière dont elles agissent, tant auprès de leurs employé.e.s que de leurs partenaires autour. 


Qu’est-ce que tu retiens du DESS de développement durable d’HEC Montréal ?

L’un des cours qui m’a le plus marquée est celui de marketing durable. Ça reprenait beaucoup de choses que je savais déjà mais on a beaucoup discuté des bonnes initiatives et des moins bonnes. Le cours de décroissance aussi. Même si on travaille beaucoup avec des entreprises qui veulent continuer à grandir de façon pérenne, la décroissance donne une autre perspective. Ça permet notamment de repenser les dynamiques Nord-Sud. 

Un autre cours très intéressant est celui qui s’intitule « Pratiques et Enjeux ». C’est un cours très général sur le développement durable, qui donne toutes les bases pour bien comprendre ce que le concept englobe, les différentes certifications etc. 


Comment vois-tu ton rôle chez Credo?

Je suis conseillère stratégique d’impact et intelligence d’affaires. J’ai déjà fait plusieurs mandats d’accompagnement en impact positif pour des entreprises, et je commence à travailler avec des organisations à but non lucratif. Je trouve ça intéressant de devoir m’adapter à leurs différentes réalités. 

Je travaille aussi avec Ghani Kholli en intelligence d’affaires. Je fais donc beaucoup de Business model canevas. Je viens du monde des entreprises, je comprends bien leurs réalités et j’aime beaucoup faire de la recherche ou du benchmarking. J’ai tendance à être très rationnelle, à toujours penser à ce qui peut être fait pour les clients sur le court terme, le moyen terme, le long terme. 


Tu as accompagné plusieurs entreprises dans leur démarche de certification B Corp. Peux-tu nous en parler ? 

B Corp est une certification qui demande beaucoup de temps et l’implication de nombreuses personnes, à des postes différents, beaucoup de concertation également. Une entreprise peut bien évidemment remplir elle-même son questionnaire mais il faut savoir que les deux tiers des entreprises qui déposent leur demande de certification B Corp ne l’obtiennent pas. Certaines questions sont très pointues. Or si l’entreprise n’est pas capable de prouver ce qu’elle déclare, elle n’obtiendra pas les points nécessaires.

Souvent, les entreprises réalisent en remplissant le questionnaire qu’elles n’ont pas toutes les informations demandées par le B Lab. C’est pourquoi on leur fournit un roadmap qui analyse les initiatives à mettre en place, avec des timelines réalistes. À moins de pouvoir cocher toutes les cases et apporter les preuves pour chaque question, la démarche B Corp prend généralement plusieurs mois, voire une année selon la taille de l’entreprise.

Certaines entreprises sont amenées à créer un comité Santé et sécurité, ou à revoir leur système de paie. Les changements à apporter tant dans la structure que les processus peuvent être plus ou moins importants. Souvent, les entreprises ne savent pas par où commencer. Et quand elles s’y mettent, les enjeux d’impact sociaux et environnementaux se retrouvent souvent sur le back burner.  Avec nous, elles savent qu’elles vont avoir des rencontres régulières. Nos rencontres donnent un certain rythme pour faire avancer les choses. 


Comment as-tu rencontré l’impact social?

Pendant mes études, j’ai fait un stage en affaires publiques et diplomatie au consulat des États-Unis. On était invité dans une réserve autochtone. C’était la première fois que j’entendais parler des pensionnats autochtones, de la violence faite aux enfants et du traumatisme des survivants. Ça m’a bouleversée pendant plusieurs semaines. À cette époque, on en parlait peu. Je ne savais pas trop quoi faire de ces informations. C’était une information accessible, mais dont personne ne parlait. Même quand j’en parlais à mes ami.e.s, ils ou elles trouvaient ça triste mais se sentaient démuni.e.s. 

Aussi, je suis asiatique. Je suis née dans une famille immigrante. Je vis avec toutes les questions de diversité ou d’inclusion depuis que je suis jeune. Je me rends compte que j’ai toujours un regard particulier sur les choses. Mais je ne peux pas dire que je suis exempte de critiques sur la diversité. Je pense que tout le monde a du travail à faire là-dessus, même moi. Une chose est sûre, toutefois : je pense qu’il est très important que les entreprises s’y intéressent et y réfléchissent. La diversité fait la richesse. 

Y a-t-il des causes, des thématiques ou des secteurs qui te tiennent particulièrement à cœur ? 

Une de mes amies étudie en criminologie. On parle souvent des conditions de vie des prisonniers et comment ils vont pouvoir s’intégrer à la société alors qu’ils n’y sont pas du tout préparés. 

J’aime aussi réfléchir à l’impact social et environnemental de la mode, explorer les questions d’économie circulaire. C’est vraiment plus que le matériel utilisé, c’est aussi les conditions des travailleurs, le rapport à la terre. 

Sinon, je me questionne sur la désinformation sur les réseaux sociaux. Je me demande comment aider les entreprises à mieux communiquer, à éviter le greenwashing notamment. Le terme sustainable, par exemple, est utilisé à tort et à travers. 


Y a-t-il des œuvres qui t’ont marquée et que tu aimerais nous recommander ? 

  • Le documentaire Becoming Woman in Zanskar (2007)

    Ce documentaire filmé il y a plus d'une décennie suit deux meilleures amies adolescentes qui habitent les montagnes isolées du Nord de l'Himalaya. La première est obligée de se marier, et la deuxième, ne voulant pas se marier, devient nonne. L'histoire de Tenzin et Palkit est racontée simplement, et avec respect. Loin d'être le "coming of age story" qu'on est habitué de voir sur les grands écrans, ce documentaire nous rappelle plutôt que beaucoup vivent encore avec des choix limités et que le privilège que l'on associe souvent à la couleur de la peau, la classe, la capacité et le genre, s'étend aussi à l'éducation, la religion, le lieu de naissance, le transport, la beauté, et j'en passe. Cette œuvre pleine de sincérité est à la fois émouvante, belle et cruelle. Je vous recommande de garder pas très loin une boîte de mouchoirs!


  • Le documentaire Madame B., histoire d'une Nord-Coréenne (2016)

    Ce documentaire raconte l’histoire de Madame B, une Nord-Coréenne et mère de famille qui se retrouve en Chine après avoir fui se pays. Elle est vendue à une famille chinoise dans la campagne qui la force à épouser leur fils unique. Chanceuse dans sa malchance, la famille est décente. Elle crée de bonnes relations avec ses beaux-parents et son nouveau mari, qu’elle apprend à aimer. Elle devient aussi le gagne-pain de la famille avec son entreprise de transport clandestin de personnes entre la Corée du Nord, la Chine et la Corée du Sud.

    Ce documentaire traite de trafic humain, de relations de famille houleuses, de morale, mais aussi de l’exode rural en Chine et des effets de la politique de l’enfant unique qui laisse plusieurs millions d’hommes célibataires et des familles qui voient comme seule option le recours à la traite de personnes, souvent de pays plus défavorisés ou d’autres régions en Chine. C’est un documentaire qui rend inconfortable, tant par les décisions de Madame B, les confessions crues, que les circonstances de vie moroses qui obligent à la résilience. 


  • Le film Great Freedom (2021)

    Great Freedom est un film envoûtant qui nous transporte dans l'Allemagne de l’Ouest d'après-guerre. On suit le récit de Hans sur trois décennies, emprisonné à maintes reprises parce qu'il est homosexuel et qu’il refuse de se plier aux attentes de l’époque. Il se lie d'amitié avec son compagnon de cellule, Viktor, et commence une relation amoureuse avec un autre détenu. Ce long métrage explore les thèmes de l’homosexualité, la persécution, le désespoir, l’amour, l’amitié et le travail. Je recommande le film si vous êtes intéressés à en apprendre plus sur le sujet.


    Vous pouvez retrouver Nancy Ha sur LinkedIn. Vous pouvez également la contacter directement à nancy@credoimpact.com

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Et si on incluait la justice sociale dans la transition socio-écologique?

Photo par @claybanks pour Unsplash

Dans ce billet d’opinion, Anne-Laurence Buteau, conseillère en impact social chez Credo, nous fait part de ses réflexions sur le manque d’inclusion criant des populations marginalisées - et donc de justice sociale - dans les efforts de transition socio-écologique.

Comme on le sait toutes et tous, il y a eu de nombreuses conséquences négatives associées à la pandémie de la COVID-19. Néanmoins, je dois admettre que le confinement m’a permis de prendre un moment de pause, m’offrant ainsi le luxe de participer à quelques activités virtuelles auxquelles je ne me serais pas intéressée autrement. J’ai notamment participé à une consultation publique organisée par mon arrondissement – Ahuntsic-Cartierville – sur la rénovation d’un parc près de chez moi. Des résident.e.s du quartier étaient invités à donner leur point de vue sur son aménagement. Au cours de ces échanges, divers sujets de discussions ont émergé : les jeunes qui viennent jouer au basket et fumer le soir, des modules de jeux pour enfants qui devraient être ajoutés ou rénovés, etc. Certains étaient pour, d’autres contre le maintien de ce terrain.

Cette expérience de consultation publique m’a particulièrement intéressée et ce, à plusieurs titres. D’abord, elle m’a permis de découvrir que les citoyennes et citoyens peuvent exercer un certain pouvoir sur les questions relevant des politiques d'aménagement du territoire. La Ville de Montréal dispose de plusieurs mécanismes capables de favoriser les initiatives citoyennes. L’un de ces outils est le « budget participatif », qui permet aux citoyennes et citoyens de proposer et de voter pour des initiatives visant à améliorer les milieux de vie. Pour l'instant, trois arrondissements le proposent : Ahuntsic-Cartierville, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et le Plateau-Mont-Royal. 

Cette année, la Ville de Montréal a réservé un budget de10 millions de dollars pour réaliser des projets soumis et sélectionnés par la population. Ces derniers doivent, entre autres, contribuer à la transition écologique et sociale de Montréal. Sur le site de la Ville, on peut lire que « plus de 20 000 personnes ont participé au vote pour déterminer les projets à réaliser ». Parmi ces projets : la construction d’une serre urbaine, le reboisement et la rénovation d'espaces publics afin de les rendre plus accessibles aux personnes en situation de handicap, l’ajout de fontaines publiques afin de réduire la consommation de bouteilles en plastique...Tous d’excellents projets citoyens à impact généralement direct et apparemment répartis de manière équitable entre les différents arrondissements. Toutefois, un doute demeure quant à la prise en compte des besoins de toutes et de tous.

Mes réserves face au processus de consultation publique

Le pouvoir d’action et de participation citoyenne face aux enjeux de la transition socio-écologique est très - très - loin d’être partagé équitablement au sein de la population montréalaise. C’est un problème majeur. Pourquoi? Non seulement parce que le processus de transition écologique peine encore à intégrer l’aspect social de manière inclusive mais également parce qu’il évolue en marge de certaines réalités. Par exemple, en ne considérant pas dans la lutte environnementale certains enjeux socio-économiques et démographiques. Cette citation tirée de l’édito de Gabriel Malek pour le magazine Usbek&Rica dénonce parfaitement ce paradoxe :  « Se dire militant écologiste en refusant de s’engager pour la réduction des inégalités et des discriminations est une absurdité, la convergence des luttes étant inévitable pour assurer un véritable changement sociétal ».  

Prenons un exemple concret : la présentation à laquelle j’ai participé s’est déroulée en français, de façon virtuelle, à 18h30. Étant donné ma position relativement privilégiée - j’ai accès à une connexion internet haut débit, je vis dans un espace de vie agréable, mes horaires de travail sont de 9 à 5 - j’ai pu participer à cette consultation sans contraintes majeures. Imaginons maintenant les réalités que vivent d’autres personnes. L’Observatoire québécois des inégalités publiait récemment certains faits saillants tirés du Projet résilience, qui documente le vécu de populations Québécoises moins nanties durant la pandémie. Ce qu’on peut tirer de ce rapport, c’est que les populations marginalisées ne disposent pas d’autant de libertés que la plupart d’entre nous pour participer aux consultations publiques, ayant des horaires excessivement contraignants, cumulant parfois les petits boulots. Elles vivent parfois dans des conditions précaires, qui ne leur donnent pas le luxe d’avoir accès à certaines conditions que nous prenons pour acquises : internet, ordinateur ou téléphone intelligent. Leur langue maternelle ou fonctionnelle n’est peut-être pas le français, ou bien elles vivent avec des conditions physiques limitant leur autonomie. Trop souvent, ces personnes vivent dans des espaces insalubres et surpeuplés. Ces personnes dont je parle sont parmi les plus vulnérables, défavorisées, souvent marginalisées du fait de leur origine ethnique, de leur statut migratoire ou autres facteurs d’exclusion.

De nombreuses personnes sont de fait exclues des initiatives citoyennes parce qu’elles n’ont ni le temps, ni les capacités (en termes de disponibilité, d’accessibilité, tout simplement parce qu’elles ne sont pas informées, ou encore ne connaissent pas les rouages de l’administration publique) pour participer à des réunions virtuelles ou en présentiel. En effet, il y a un certain privilège associé à la préparation des dossiers ou d’une consultation publique à propos d’une action qu’elles souhaiteraient entreprendre pour leur quartier qui n’est pas à leur portée, surtout si ces personnes sont déjà socialement marginalisées. Même la mise en place d’une ruelle verte dépend d’une mobilisation citoyenne et l’effort est considérable. Il suffit d’observer la répartition des ruelles vertes sur l'île de Montréal pour comprendre que le cadre de vie et les contraintes du quotidien limitent la capacité des populations marginalisées à participer à ce type d’initiatives.

L’action citoyenne doit véritablement inclure la participation de toutes et de tous

La participation à l’action citoyenne pour lutter contre les changements climatiques ou pour avoir accès à un environnement de qualité est d’abord et avant tout une question d’inclusion sociale et d’intersectionnalité, inhérente à cette question. Parce que la participation publique a le potentiel d'être un vecteur important de la transition socio-écologique, il est donc nécessaire d’inclure toutes les voix afin que cette transition soit véritablement inclusive. Il y a plusieurs manières de construire ces ponts, et cela commence par une meilleure compréhension des réalités de TOUS les quartiers et des besoins des personnes qui y vivent afin d’éviter de creuser ces inégalités criantes existant entre les communautés. Comme le dénonce l’organisme Hoodstock dans un article de la Presse Canadienne, certains quartiers cumulent les désavantages tant sociaux qu’environnementaux. Des projets dispersés ne contribueront pas à les dissiper, en particulier si les processus administratifs pour les mettre en œuvre ne sont pas accessibles à tout le monde.  


Je termine sur ces dernières propositions qui sont autant des vœux pour l’année qui s’annonce que pour la mise en œuvre d’une transition écologique et sociale inclusive et effective pour la ville de Montréal. Il faudrait commencer à mettre en place des mécanismes de consultation auprès d’un échantillonnage représentatif de toutes les communautés qui composent Montréal, prenant en compte la justice environnementale ET sociale. Ainsi, nous serions plus à même de comprendre les réalités de toutes et de tous, et de mieux comprendre leur pouvoir d’action face aux crises environnementales et sociales. En effet, ces deux axes sont nécessaires pour élaborer une stratégie pour le développement de municipalités, plus en harmonie avec les besoins et les aspirations de leurs habitant.e.s. Après tout, comme le disait le syndicaliste et environnementaliste brésilien Chico Mendes : « l’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage ».   


N’hésitez pas à nous partager vos réflexions ou à nous contacter si vous avez des projets qui permettraient de mieux conjuguer « justice sociale » et « transition socio-environnementale ».


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Nouvelle publication : La responsabilité sociale des entreprises au Québec

Pistes d'action pour accélérer l'adoption de la responsabilité sociale des entreprises au Québec

Credo est fière de lancer aujourd’hui une nouvelle étude sur la responsabilité sociale des entreprises en collaboration avec l'Institut du Québec et le pôle IDEOS de HEC Montréal. L’étude propose des pistes d'action concrètes pour accélérer l'adoption de pratiques plus socialement responsables chez les entreprises québécoises. L’étude a été réalisée grâce au soutien financier de Fondaction et de Boralex.

Quelques recommandations
Pour aider les entreprises à prendre le virage RSE et à faire leurs premiers pas dans cette aventure, les auteurs du rapport proposent plusieurs pistes d'action. « Amorcer une véritable réflexion sur la place de la responsabilité sociale dans leur modèle d'affaires et leurs pratiques nous semble être la première chose à faire, soutient Christian Bélair, président et associé principal chez Credo. Mais pour ce faire, les entreprises doivent accepter de revoir leur posture et leurs valeurs afin de déterminer si leurs stratégies et leurs actions participent positivement aux défis sociaux et environnementaux actuels ».

Les entreprises doivent ensuite susciter l'adhésion de tous leurs contributeurs : membres du conseil d'administration, gestionnaires et employés. Elles doivent ainsi revoir la gouvernance et les mécanismes d'évaluation de la performance de leurs gestionnaires afin de mettre en place les conditions nécessaires pour rencontrer leurs objectifs de responsabilité sociale. Pour s'assurer d'implanter des changements durables, elles doivent aussi s'activer à développer une réelle culture de responsabilité sociale au sein de l'entreprise

Par ailleurs, l'étude révèle que les entreprises québécoises les plus avancées dans leur réflexion en matière de RSE n'aspirent plus uniquement à avoir un impact positif sur leur environnement immédiat, mais sur l'ensemble de leur chaîne de valeur, à savoir leurs clients et clientes, leurs fournisseurs, les gouvernements, leurs bailleurs de fonds, voire même, leurs concurrents.

Pour télécharger l’étude

La responsabilité La responsabilité sociale des entreprises au Québec

Pour commencer une démarche RSE et en savoir plus sur Credo

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Christian Belair
Après la COP26, retrouvons notre pouvoir d’agir
COP26 : retrouvons notre pouvoir d'agir

Photo by Callum Shaw on Unsplash

La COP26, grand-messe onusienne du climat, est désormais terminée. Hormis les termes du pacte final sur le climat, et malgré le florilège de commentaires et d’analyses publiées depuis, on ne s’entend pas sur les conclusions à tirer et l’opinion générale reste ambivalente. Nous retrouvons donc face au dilemme suivant : le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein? 

Il faut se rendre à l’évidence : ces processus et ententes supranationales sont nécessaires pour donner des alignements et une intention globale générale aux actions des États et des acteurs locaux. Il faut aussi admettre que la responsabilité mais, aussi et surtout, la capacité d’agir, se trouvent de moins en moins entre les mains des décideurs publics. En effet, en dehors de l’engagement public à sortir progressivement de l’exploitation des énergies fossiles, l’impact de la COP26 réside dans les plans d’action, accords et ententes sectorielles conclues entre les acteurs privés. C’est ce qui donnera le ton et l’élan pour la suite, et, donc, l’impression que le verre est à moitié plein. 

Agir de façon concertée vers le point de bascule

Considérons également le signal fort envoyé par la mobilisation citoyenne autour de la COP26. Cette mobilisation, loin de l’éco-anxiété, témoigne d’une reprise du pouvoir d’agir citoyen, et rappelle que c’est sur le terrain que la lutte climatique se déroule réellement. Tout comme le remarquait dernièrement notre collaboratrice Anne-Laurence Buteau : « il faut une masse critique de citoyen.ne.s ordinaires qui “s’empower” et se fixent des actions réalistes à leur échelle pour faire pression progressivement. » Ces mots reprennent dans les grandes lignes une approche novatrice en innovation sociale, celle du « system change » qui vise la capacitation des réseaux locaux pour comprendre l’architecture des systèmes et agir de façon précise à des points précis d’un système pour le changer progressivement.  

Une étude de janvier 2020 paraphrasant cette approche proposait un « effet domino » une fois certains points de bascule atteints, à certains points névralgiques des systèmes. Ainsi, l’idée du changement de système, la transition écologique par exemple, nécessiterait la conscientisation et la réémergence d’une capacité d’action des communautés afin de changer les normes sociales et les façons de faire pour atteindre un seuil d’écoresponsabilité. 

Une étude expérimentale de 2018 publiée dans la revue Science avait déterminé l’atteinte de ces points de bascule lorsqu’une minorité engagée sur la voie de la transformation passait le seuil de 25% de la population étudiée. À partir de ce point de bascule, les conventions sociales prenaient soudainement le coup de la minorité, et menaient à un changement dans les habitudes chez les autres participants à l’étude.

Le mot d’ordre à garder de la COP26 devrait donc être de travailler ensemble – dans le public et le privé – pour atteindre ces points de bascule sociaux et rester ainsi alignés sur les trajectoires d’une transition vers des futurs souhaitables pour tous et toutes. 

Que peuvent faire les entreprises ?

Les entreprises souhaitant poursuivre l’impulsion de la COP26 ont plusieurs options à leur portée. Lors d’un récent webinaire pour Evol, notre associée Luce Beaulieu donnait des pistes de réflexion aux entreprises pour améliorer leur engagement social et environnemental. Elle proposait, par exemple, de souscrire au cadre de la Science-Based Targets Initiative (SBTI) qui donne aux entreprises une approche par étapes pour mettre en place des actions climatiques effectives.

Elles peuvent aussi, comme le proposait Dan Osusky de B Lab pour Fast Company, mettre du sérieux derrière leurs démarches en favorisant la stratégie d’impact et les mécanismes d’expérimentation et d’imputabilité qui y sont associés. Une telle démarche met à profit la souplesse et l’adaptabilité des entreprises, ainsi que leurs forces créatrices et novatrices. Elle invite à revoir leur modèle d’affaire, leur chaîne de valeur, ou à approfondir leurs pratiques en se soumettant, par exemple, au cadre B Corp. Le tout en s’assurant que les engagements passent à l’action.  

Et la philanthropie dans tout ça?

Comme la crise climatique requiert l’action de tous et toutes dans la transformation de nos façons de faire, les philanthropes doivent absolument prendre une position plus catalytique. Cette position, comme le proposait dernièrement Annie Bérubé de la Fondation McConnell dans un article pour PhiLab, nécessite la création de réseaux et l’intensification des relations entre communautés engagées, entreprises sociales, organisateurs citoyens et tous les acteurs qui militent pour des politiques climatiques et des investissements pour la transition aux niveaux local, provincial et national. 

Afin de développer cette posture plus catalytique, les acteurs philanthropiques doivent allouer des fonds directement à la résilience des communautés et à la lutte aux changements climatiques. Cette posture pourrait se décliner en support de la mise à l’échelle des solutions mises de l’avant par le Climate Choices Institute, ou en aidant à mettre en œuvre les trajectoires identifiées par le Transition Accelerator ou les Chemins de Transition, ou les expérimentations du Campus de la Transition

Ce n’est qu’avec les efforts concertés de tous les acteurs et actrices de la société que la transition écologique deviendra réalité. Toutefois, plusieurs communautés sont encore laissées pour compte dans la lutte environnementale. Le racisme et le manque de justice environnementale – récemment décrié pour leurs effets à Montréal par l’organisme Hoodstock – démontrent que des ponts sont toujours à bâtir dans la communauté pour que tous aient un accès équitable à un environnement sécuritaire et sain. Ce n’est qu’en favorisant l’inclusion dans le processus de transition écologique que nous pourrons tous retrouver notre pouvoir d’agir pour donner effet à une transition écologique, juste, et équitable pour tous et toutes.

Texte par Pierre-Alexandre Cardinal, conseiller en intelligence collective chez Credo.

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Étude RSE : Comment les PME québécoises se perçoivent-elles ?

Changements climatiques, santé mentale, diversité, inclusion…les entreprises québécoises sont interpellées de toutes parts et doivent, plus que jamais, répondre de leurs actes. Face au nombre grandissant d’enjeux sociaux et environnementaux, et à leur complexité, les PME québécoises se trouvent souvent démunies. Elles ne savent pas toujours par où commencer.

C’est ce que révèle le sondage « RSE : Comment les PME québécoises se perçoivent-elles ? », que nous avons initié avec l’Institut du Québec et le pôle IDEOS de HEC Montréal, en collaboration avec Léger.

Ce sondage, grâce au soutien financier de Fondaction et Boralex, constitue la première étape d’une étude plus large sur la RSE des entreprises québécoises, que nous publierons en décembre 2021. Notre objectif, à travers ce sondage, était de questionner les dirigeants et dirigeantes d’entreprises québécoises de 20 à 249 employés - tous secteurs confondus - sur la façon dont ils et elles perçoivent la RSE.


Les principaux enseignements du sondage

Les PME québécoises savent qu’elles ont un rôle important à jouer

Le sondage révèle que la très grande majorité des PME québécoises sont conscientes de la responsabilité sociale qu’elles doivent exercer. Non seulement la plupart d’entre elles (88 %) sont préoccupées par leur impact social et environnemental, mais elles pensent avoir un rôle proactif à jouer dans la résolution des enjeux sociaux et environnementaux (84 %).


Les PME québécoises pensent avoir une bonne performance RSE

Côté perception, la majorité des PME interrogées jugent avoir une bonne (63 %), voire une excellente performance (12 %) en termes de responsabilité sociale. Christian Belair, co-fondateur de Credo, constate toutefois que, malgré une certaine amélioration des pratiques de RSE, il reste encore beaucoup à faire en termes de protection de l’environnement et d’inégalités sociales. Si certaines PME québécoises se démarquent par la profondeur de leur démarche, en mettant la RSE au cœur de leur mission et de leurs actions, beaucoup d’entreprises appréhendent encore de passer à l’action et n’arrivent pas à mesurer leur impact réel, Ainsi, si certaines PME québécoises se démarquent par la profondeur de leur démarche, en mettant la RSE au cœur de leur mission et de leurs actions, bien qu’elles souhaiteraient en faire plus.



Dans les faits, la RSE n’est pas une priorité

Bien que les PME sondées aimeraient aller plus loin dans leurs démarches de responsabilité sociale, elles n’arrivent pas à prioriser ce chantier. Ainsi, 30 % d’entre elles indiquent qu’elles ne peuvent y allouer davantage de ressources financières et humaines et 18 % d’entre elles indiquent qu’elles doivent mobiliser leurs efforts vers d’autres priorités.

Le sondage nous apprend aussi qu’au moment de prendre des décisions, les intérêts des actionnaires et la génération de profits demeurent encore la priorité de 41 % des PME québécoises, par opposition aux intérêts des autres parties prenantes, au bien-être des gens et à la protection de l’environnement.

« En somme, ce sondage nous apprend que bien que les PME québécoises semblent accorder de l’importance aux enjeux sociaux et environnementaux, elles ont encore de la difficulté à passer à l’action. D’où l’importance de renforcer l’écosystème de soutien aux PME afin que la responsabilité sociale devienne un levier stratégique pour leur développement », soutient le professeur Luciano Barin Cruz, directeur au Pôle IDEOS de HEC Montréal.

Plusieurs leviers pourraient aider les PME québécoises dans leurs ambitions RSE

Interrogées sur les éléments qui pourraient les motiver à réaliser leurs ambitions en matière de RSE, les PME québécoises citent : un soutien financier (46 %), un plus grand degré d’adoption de ces pratiques par leurs concurrents (37 %), davantage de connaissances, d’expertise et d’accompagnement sur la question (36 %), une législation et des normes imposées par le gouvernement (34 %), et une meilleure intégration des objectifs RSE au cœur de leur entreprise (32 %).

« Les efforts en matière de RSE représentent une démarche complexe et graduelle pour les entreprises, qui requiert planification, temps et ressources humaines et financières. Mais au-delà des défis, ces efforts pour gérer les risques environnementaux, sociaux et financiers auxquels elles sont confrontées représentent des opportunités pour les entreprises et une façon de se démarquer de leurs concurrents en démontrant comment elles créent de la valeur partagée avec leurs parties prenantes », ajoute Julie Cusson, vice-présidente affaires publiques et corporatives chez Boralex.


Comme nous l’expliquions en introduction, ce sondage est la première étape d’une étude plus large, réalisée en collaboration avec l’Institut du Québec et le pôle IDEOS de HEC Montréal. Cette étude proposera une analyse de la RSE au Québec, ainsi que des recommandations et des pistes de solutions, tant pour les dirigeants et dirigeantes d’entreprises que pour les décideurs et décideuses politiques. Le but de ce sondage et de cette étude à paraître en décembre 2021 est d’initier une réflexion sur les façons de soutenir et propulser la responsabilité sociale et environnementale des entreprises québécoises, dans le contexte urgent de la Décennie de l’action des Nations Unies - qui appelle à accélérer la mise en œuvre de solutions durables face aux défis majeurs auquel le monde est confronté.


Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter gratuitement l’intégralité du sondage « RSE : Comment les PME Québécoises se perçoivent-elles ? ». Pour cela, il vous suffit de remplir le formulaire ci-dessous.

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(Re)certification B Corp : 5 choses que nous avons apprises
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S’engager dans une démarche de certification B Corp, c’est comme gravir une montagne. On connaît la destination, mais on ne sait encore vraiment comment on va y arriver. Ni quand. C’est une aventure à la fois technique et d’introspection, qui demande de la rigueur, de la persévérance, et une bonne dose d’optimisme.

La première fois que nous avons été certifié B Corp, c’était en septembre 2017, il y a un peu plus de trois ans. On s’était engagés dans la démarche avec détermination et une certaine naïveté. On était décidés à nous challenger et revoir nos pratiques en profondeur. Car rejoindre le mouvement B Corp, c’est surtout ça : accepter de se questionner sans arrêt, même quand les sujets font mal, de se dépasser et de motiver son équipe à faire de même. Pour rester en avant de la cordée, incarner réellement le changement, il faut accepter de se dire qu’on n’est pas parfaits, qu’on pourra toujours s’améliorer et que rien n’est acquis.

Après trois ans de certification B Corp, le moment de la recertification est arrivé. Le B Lab nous avait prévenus : la première certification n’est pas facile, mais la seconde encore moins. Les exigences de B Corp sont montées d’un cran. C’est que le label évolue à grande vitesse, les exigences demandées aux entreprises augmentant au fur et à mesure que les leaders du mouvement ouvrent des voies et s’améliorent.

Pour tout avouer, on a eu un moment de doute. Est-ce qu’on serait capable d’atteindre le minimum de points requis pour atteindre la certification? Le doute est devenu encore plus grand quand le B Lab nous a informé que Credo faisait partie des 10% d’entreprises sélectionnées au hasard pour un audit en profondeur. Concrètement, ça voulait dire encore plus de documents à fournir, des entrevues avec des employé.e.s, plusieurs rencontres avec les représentantes du B Lab pour approfondir certaines questions. Ces nombreux échanges avec les deux femmes du B Lab en charge de notre audit ont poussé l’introspection à tout un autre niveau. Chaque question en amenait une autre, produisant un échange d’une richesse qualitative rare.

Aujourd’hui, nous sommes fier.e.s - et soulagé.e.s ! - d’avoir obtenu notre recertification B Corp. Nous sommes d’autant plus fier.e.s que nous avons amélioré notre score de plus de 15 points, pour atteindre un score de 109,1 points. Ce qui nous place véritablement à l’avant de la cordée.

Il faudrait écrire un bouquin si on voulait partager de façon exhaustive toutes nos réflexions, et tout ce que nous avons appris pendant ce processus de recertification B Corp. Mais il nous a semblé important de partager avec vous quelques-uns de nos principaux apprentissages.


5 choses que nous avons apprises

  1. L’importance d’allier l’intention et la gouvernance

La vraie question qui se pose pour chaque initiative évaluée par le BIA de B Corp, c’est de savoir si on avait réellement l’intention de s’améliorer ou non. Il arrive parfois qu’on soit chanceux : en allant chercher une information ou une donnée demandée dans le BIA, on s’aperçoit qu’on n’est pas si mal. On pourrait s’en réjouir, puisqu’on obtient les points attribués. Mais, si on est honnête, il faut avouer que l’intention n’était pas vraiment là. Quelle différence ça fait ? La différence est subtile mais fondamentale car pour réellement s’améliorer, et mesurer cette progression, il est indispensable que les initiatives entreprises soient intentionnelles.

Or, pour arriver à plus d’intentionnalité, cela prend quelqu’un dans la haute direction qui pousse dans ce sens. Les initiatives requises par le BIA touchent tellement à la gouvernance de l’entreprise qu’elles ne peuvent être laissées à la seule responsabilité des employé.e.s en charge de la certification B Corp. 


2. Pourquoi intégrer les KPI sociaux et environnementaux dans les pratiques 

On ne peut plus se contenter de ne pas savoir. Si nous avons vraiment une intention d'avoir un impact positif - ou de réduire un impact négatif, il est indispensable d’aller chercher les informations ou les données qui permettent de mesurer cet impact. Si on n'arrive pas à les obtenir avec les indicateurs existants, il faut trouver des alternatives. Dans les deux cas, la mise en place de KPIs ou critères d’évaluation est primordiale. Plus encore, il est important d’intégrer ces KPI dans les objectifs et les responsabilités de chacun. C’est la seule façon pour qu’ils s’imprègnent dans les pratiques - et à terme, dans l’ADN - de l’entreprise.

Il faut aussi bien comprendre que c’est toujours plus simple de recueillir au fur et à mesure les données, plutôt que d’aller les chercher a posteriori, au moment de la certification B Corp. 

Mais comment faire pour que tous les membres de l’équipe s’approprient ces KPI? Tout l’enjeu est là. Les KPI sociaux et environnementaux ne peuvent pas être connus uniquement de la personne qui répond au questionnaire Business Impact Assessment de B Corp. Il y a un grand effort de communication à faire en interne, à tous les niveaux de l’entreprise, pour que chacun et chacune puisse s’approprier la démarche B Corp.

L’intégration des KPI pose, évidemment, des enjeux de gouvernance. Par exemple, si l’évaluation des employé.e.s n’est basée que sur leur rentabilité, il est certain qu’ils et elles ne viseront que cet objectif. Là encore, une démarche B Corp ne saurait être mise en place sans un réel engagement de la haute direction, et a fortiori, des administrateurs et actionnaires s’il y a lieu.


3. Comment favoriser les fournisseurs indépendants locaux

Credo est une firme-conseil en impact social, donc une entreprise de services. C’est pourquoi les approvisionnements représentent une petite partie de notre budget global. Toutefois, force est de constater que ce petit budget est en grande partie composé d'entreprises technologiques qui ne sont pas locales. Gmail, Asana, Slack, Zoom, Trello, Linkedin, Squarespace…toutes ces plateformes technologiques sont possédées par des entreprises basées hors de nos frontières.

Nous avons pourtant bien rédigé une politique d’approvisionnement, dans laquelle nous nous engageons à favoriser les achats auprès de fournisseurs locaux et indépendants. Mais nous devons avouer que nous l’avons échappé sur ce point. Nous n’avons pas suivi notre politique d’approvisionnement à la lettre.

Il est certain qu’il n’existe pas toujours d’alternatives locales à ces plateformes technologiques. Mais il n’en demeure pas moins que ce point a suscité une question : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour favoriser les fournisseurs indépendants et locaux ? 

Nous aurions pu, par exemple, prendre une plateforme de gestion de projet locale, même si nous considérons qu’elle est moins efficace qu’Asana pour nos activités. Nous aurions pu aider l’entreprise locale à améliorer son produit. C’est là qu’il est important de se questionner : Est-ce un rôle qu’on souhaite jouer ? Sommes-nous prêts à jouer endosser un leadership d’impact sur ce point ? 


4. Gestion des GES, champs d’application 1, 2 et 3 : un défi de taille

Jusqu’à quel point sommes-nous en mesure d’évaluer notre production de gaz à effet de serre ? Lors de notre première certification B Corp, le B Lab se basait avant tout sur les ambitions déclarées des entreprises. Désormais, le B Lab exige des mesures à la hauteur de nos ambitions. On ne peut que s’en féliciter. Mais ça reste un défi de taille.

En ce qui concerne les GES de scope 2, nous devions, par exemple, fournir le suivi de notre consommation d’énergie. Ceci peut paraître anodin, mais nous louons nos bureaux dans un édifice où le chauffage est collectif. Que faire lorsque les propriétaires n’ont pas mis en place de système de mesure par bureau, ou qu’ils refusent de communiquer les données ? L’une des solutions proposées par le B Lab est d’établir une estimation de la consommation, à partir des données publiques de production d’énergie fournies par Statistiques Canada. Mais si nous voulons réellement gérer nos GES, il est indispensable d’avoir accès à des données précises, qui nous concernent directement. Si les propriétaires ne donnent pas accès à de telles données, les entreprises souhaitant être certifiées B Corp seront-elles obligées de déménager dans des bureaux plus écoresponsables ? Il nous semble évident, qu’à l’avenir, les propriétaires d’édifices de location de bureaux vont devoir revoir leurs façons de faire : en mesurant désormais la production d’énergie de chacune des entreprises locataires, et en acceptant de leur communiquer les données. 

La gestion des GES, notamment de scope 3, pose d’autres enjeux, d’autant plus en période de pandémie. La récupération des matériaux, comme le recyclage des toners d’imprimante en est un bon exemple. Avant la pandémie, nous pouvions mettre en place un système de recyclage. Les achats de toners d’encre étaient faits en interne. Nous pouvions donc sélectionner nos fournisseurs et souscrire à un programme de recyclage. Mais avec le télétravail, non seulement les achats sont décuplés mais il devient très difficile de contrôler les achats par les employé.e.s. Et encore, nous sommes une petite entreprise. Imaginez une entreprise avec des milliers d’employé.e.s. 

De même, certaines choses qu’on prenait pour acquises sont remises en cause avec la pandémie, comme le déplacement des employé.e.s en transports en commun (GES de scope 3 également). Alors que tous et toutes se déplaçaient auparavant en vélo ou en transports en commun, nous constatons que de plus en plus de gens se remettent à utiliser leur voiture pour des déplacements quotidiens. 

L'ajout des questions sur les bureaux virtuels nécessitent de réfléchir au-delà des frontières de nos bureaux physiques. C'est une bonne chose, mais ça présente toute une série de nouveaux défis à relever.


5. Questionner la diversité des employé.e.s

La diversité des employé.e.s est une question centrale pour un grand nombre d’entreprises. Chez Credo, la diversité de notre équipe est évidemment une grande préoccupation. Mais qu’entend-on par diversité? Parle t-on de l’équilibre - et l’équité - hommes-femmes ? De la place des minorités visibles ? Pour obtenir la certification B Corp, nous avons dû lister les codes postaux de nos employé.e.s. Cet exercice si simple nous a tendu un véritable miroir : bien sûr que nous avons une équipe féminine et masculine, d’origines diverses. Mais qu’en est-il de nos origines sociales ? Force est de constater que toute l’équipe vient d’une catégorie socio-professionnelle élevée. Notre équipe est constituée de consultants et de consultantes, expert.e.s dans leurs domaines respectifs, qui ont un ou plusieurs diplômes universitaires. Peut-on réellement parler de diversité dans ce cas ? Ne fermons-nous pas la porte à l’inclusion d’employé.e.s non diplômé.e.s, mais qui auraient un bagage professionnel et personnel hautement pertinents pour la qualité de nos mandats?

L'idée d'avoir un processus de recrutement à l'aveugle pourrait faire du sens, nous l’avons d’ailleurs testé par le passé. Mais le contexte actuel des firmes-conseil requiert plutôt d’adopter un processus de recrutement du type « chasseur de tête », pour trouver des compétences très spécifiques. Ce qui nous oblige à trouver d'autres façons de réduire les biais inconscients ou à réfléchir à d’autres modes de recrutement. La réflexion est lancée!


Nous sortons de cette aventure de recertification B Corp grandi.e.s et boosté.e.s, avec la volonté de nous améliorer encore plus. Et d’inspirer toutes les entreprises à devenir ​​ « a force for good ». Si vous êtes entrepreneur ou entrepreneuse, et que vous souhaitez engager votre entreprise dans une démarche B Corp, nous espérons que ces 5 apprentissages vous auront aidé à nourrir votre réflexion. Si vous souhaitez en discuter, ou nous faire part de vos commentaires, n’hésitez pas à nous contacter en utilisant le formulaire ci-dessous.

Photo de couverture par Daniel Jiménez sur Unsplash



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Conversation avec Ghani Kolli, nouvel associé chez Credo
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Ghani Kolli, ex-fondateur et PDG de HumanYo+Impact, se joint à l’équipe de Credo en tant qu’associé.

Ghani est un entrepreneur passionné par la technologie, le monde des startups et, plus largement, des affaires. À la fois humble, généreux et réfléchi, Ghani manie les modèles d’affaires comme personne. Au fil de ses 15 années d’expérience auprès des entrepreneurs, Ghani s’est engagé dans une véritable remise en question de sa pratique. « Il a eu le souhait d’aller vers l’impact, de se demander, au-delà du business, au-delà des outils, comment pousser plus loin sa pratique vers l’impact social et environnemental », explique Christian Bélair, co-fondateur et président de Credo. « L’acquisition de HumanYo+Impact et l’arrivée de Ghani dans l’équipe, nous permettent de bonifier le volet stratégie d’affaires à valeur ajoutée et d’ouvrir Credo à la francophonie hors du Québec, grâce à l’implication de Ghani dans les réseaux internationaux », poursuit Christian. Si sa force évidente est la stratégie d’affaires et la création de valeur, Ghani est également un excellent communicateur et facilitateur, dont le leadership bienveillant permet de créer des ponts solides avec le milieu des affaires, et notamment les PME. 

Afin d’en apprendre plus sur son parcours, ses valeurs et les raisons qui l’ont conduit à rejoindre Credo, nous avons discuté (virtuellement) avec Ghani. Rencontre avec un agent de changement et entrepreneur au dynamisme contagieux. 

Credo : Tu as été le fondateur et président de HumanYo+Impact, une firme-conseil reconnue dans la création et la mesure d’impact. Pourquoi as-tu décidé de poursuivre ton aventure entrepreneuriale aux côtés de Credo ? 

Ghani Kolli : J’arrive à un point de mon cheminement personnel où je pense que pour des causes aussi importantes que le développement durable, que le changement de modèle économique monocapitaliste autour de nous, une seule main n’applaudit pas seule. Il faut unir nos forces. Celles de tous les acteurs du milieu de l’impact, du développement durable, de la finance d’impact et de l’économie de la régénérescence. Pour moi, la réponse passait par le véhicule de Credo, par une mission beaucoup plus grande que moi. Ensemble, nous pourrons avoir un plus grand impact, tant d’un point de vue géographique, que du point de vue de la profondeur.

Tu es en effet très impliqué dans les réseaux d’affaires au Canada, mais aussi en Afrique du Nord, en Algérie et au Maroc notamment. Peux-tu nous expliquer ce que tu entends par « profondeur » d’impact ? 

Par profondeur, j’entends surtout dépasser le monocapitalisme comme seul repère où la rentabilité financière est à peu près le seul critère de succès. Je souhaite aller vers un multicapitalisme où les gens, la planète, la richesse collective et le sens des affaires soient en harmonie dans les stratégies des organisations et des gouvernements. On se le doit à nous et à nos enfants mais surtout, avouons-le, aux générations futures à qui nous allons léguer par nos actes d’aujourd’hui la planète et les systèmes de gouvernance de demain. 

Enfin par profondeur, je pense au fait d’accompagner les organisations à se questionner sur ce qu’elles savent, et surtout sur ce qu’elles ne savent pas qu’elles ne savent pas. Il est primordial d’éviter le « socio-blanchiment » en se posant, d’abord, les vraies questions sur la pertinence de la mission et de la raison d’être de son organisation. Les organisations doivent également être imputables sur leur contribution sociale et environnementale réelle, pas uniquement sur la contribution qu’elles annoncent vouloir avoir. 

Comment as-tu rencontré l’impact ? 

Ça a commencé il y a environ 4 ans, par une quête interne de vouloir mesurer l’impact de nos propres mandats en stratégie. Avec mes collaborateurs, on se demandait comment sortir du traditionnel « taux ou forfait horaire » appliqué par les firmes-conseils. Notre désir était de parvenir à valoriser  l’impact que nous créons, plutôt que le temps que nous y passons. En tant que consultants, nous pouvons passer des heures et des heures sur un mandat sans nécessairement créer beaucoup de valeur, comme nous pouvons, en une seule session de co-création avec le client, créer une valeur hallucinante. J’étais un peu lassé, et je le suis encore, par ce schéma traditionnel linéaire du monde de la consultation, qui n’évalue sa valeur qu’en fonction du temps passé. 

En recherchant des modèles d’évaluation d’impact pour nos propres mandats, je suis littéralement tombé en amour avec ce monde fascinant qu’est l’évaluation d’impact et l’impact tout court. Je me suis donc formé à des outils et des méthodologies, j’ai intégré des réseaux internationaux et des cercles de réflexion autour de ces questions. Le chemin est long pour ces questions et ces enjeux d’impact. Ce n’est donc pas la destination qui m'intéresse seulement. Le voyage de l’impact est une aventure d’apprentissage, de contribution, de partage et de création de valeur durable. 

Qu’est-ce qui te fait lever le matin ? Ou peut-être devrions-nous dire : quelle est ta raison d’être à toi, Ghani Kolli?

J’accompagne des CEO dans leur stratégie depuis plus de 15 ans. Ce que je vois, c’est que le modèle économique monocapitaliste, tel que nous le connaissons, est complètement à repenser et à revoir. Il y a des pistes de solutions comme l’économie circulaire ou l’économie verte, mais il y a clairement un changement stratégique profond à faire, comme humanité, et plus particulièrement comme société occidentale à la source, il faut le reconnaître, des nombreux méfaits qu’on déplore aujourd’hui. Je ne peux pas croire que l’humain ne puisse pas, non seulement réparer ses dégâts mais préserver les actifs précieux dont il dispose. Je fais de l’émergence de ce point d’inflexion dans la trajectoire de l’humanité mon Credo personnel ! 

Tu étais le seul maître à bord de l’entreprise que tu avais créée et tu rejoins aujourd’hui une équipe déjà engagée dans sa propre trajectoire. Comment vis-tu ce passage ?

Mon arrivée chez Credo coïncide avec un développement personnel qui m’a fait prendre beaucoup d’humilité ces dernières années. J’ai toujours été très intéressé par la formation et le développement personnel. Mes mentors, mes coaches, toutes les personnes qui m’entourent, m’ont beaucoup fait grandir. Mes clients aussi, car c’est en voyant le sens qu’ils donnent à l’organisation plutôt qu’à la simple personne qui la dirige en arrière, que j’ai évolué. 

Surtout, il faut que je sois cohérent avec les valeurs que je porte. Je souhaite incarner une nouvelle façon de faire des affaires, une nouvelle façon de soutenir une cause. Or soutenir une cause de façon éparpillée ne me semble pas être la meilleure façon de le faire. J’espère pouvoir démontrer un nouveau modèle alternatif, basé sur la collaboration intentionnelle plutôt que la compétition, et contribuer ainsi à un nouveau narratif. 


Comment souhaites-tu contribuer à Credo ? 

Je souhaite sortir des silos qui séparent habituellement le secteur privé et le secteur public, en adoptant une approche holistique. J’aimerais donc accompagner autant des entreprises privées que des organisations à but non lucratif ou des organismes gouvernementaux et paragouvernementaux. J’aimerais mettre au profit de ces organisations mes outils et méthodologies, mais aussi mes questions réflexives, qui sont souvent beaucoup plus importantes, que la destination recherchée. Je suis stratège d’affaires, je viens de ce monde-là. Je manie les modèles d’affaires certes. Mettre ces compétences au service du développement durable et de l’impact social me paraît être une opportunité extrêmement intéressante.  

Quelles sont les causes qui te tiennent à cœur ?

Je souhaite contribuer à faire émerger un nouveau modèle économique qui soit régénératif, durablement prospère et humainement bienveillant.

Je suis également très intéressé par les questions de diversité, d’équité et d’inclusion dans les cercles de décisions et de pouvoir. 

Enfin, l’éducation me touche particulièrement. Concevoir un nouveau modèle d’éducation entrepreneurial et d’impact qui puisse devenir un levier d’émancipation et de prospérité pour les prochaines générations, m’interpelle beaucoup.. 


Y a-t-il des œuvres qui t’ont marqué et que tu aimerais recommander ? 

  • Le film Tenet, de Christopher Nolan

Vous pouvez retrouver Ghani Kolli sur LinkedIn. Vous pouvez également le contacter directement à ghani@credoimpact.com

Guest User
Journée internationale des Droits des Femmes
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Par Anne Laurence Buteau,
Conseillère stratégique en impact social, Credo

Aujourd’hui est la journée internationale des Droits des Femmes, une commémoration qui prend une importance particulière en ce temps de pandémie. Un mois à peine le confinement commencé, les femmes étaient déjà les plus durement touchées par la crise; tant sur le plan socio-économique, mental et même sécuritaire. Nous avons toutes et tous lu les titres mentionnant l’augmentation des cas de violences conjugales, sur les difficultés grandissantes des mères et de ces fameux “anges gardiens”, en majorité des femmes et en majorité racisées, et autres travailleuses essentielles qui occupent des métiers jugés vitaux pour le fonctionnement de notre société et qui pourtant ne sont pas payées à leur juste valeur. Cependant, nous savons que les femmes, à travers les classes et les races, surtout quand elles sont mères, doivent supporter une proportion plus importante des tâches domestiques tout en continuant à performer à leur emploi. La pandémie a aggravé le déséquilibre existant avec le télétravail, l’école à la maison, parfois un parent à charge... Cette double charge physique et émotionnelle est reconnue (pas encore assez), mais comment faire pour ajuster ce déséquilibre? Comment éviter qu’à chaque crise, les femmes voient leurs conditions se détériorer?  

Credo souhaite saisir ce moment, et tous les jours de l’année qui suivront, pour que l’on aborde la “relance” que tout le monde attend avec impatience, à travers des lentilles féministes, écologistes et inclusives. Nous vous invitons à réfléchir de manière intentionnelle à cet impact que vous souhaitez avoir à travers vos stratégies, activités ou services. Nous n’avons pas la prétention d’apporter une réponse, nous voulons toutefois que les célébrations de cette journée portent fruit et contribuent à faire de la société du Québec, une société résiliante et inclusive pour toutes et tous. 

Plus que jamais, il faut continuer à s’informer, investir dans des initiatives qui concourent effectivement à réduire les barrières systémiques pour les femmes, surtout les plus pauvres. Comprendre les réalités vécues par les femmes, les causes profondes des inégalités, et  l'interdépendance entre les enjeux. Plus important, de laisser aux femmes l’opportunité de façonner les nouvelles façons de fonctionner en société.  Pour poser des actions pertinentes et cohérentes, il est nécessaire de comprendre, d’écouter, d’inclure, de laisser la place. Nous vous invitons donc à consulter, ou consulter de nouveau, ces liens ci-dessous qui rassemblent des articles de journaux, études, podcasts afin d’avoir un échantillon d’informations variées et pertinentes. N’hésitez pas à nous en proposer d’autres ou à lancer le débat sur comment vous voyez cette relance que nous espérons féministe, écologiste et inclusive. 

Données générales/études : 

Médias : 

Événements : 

  • “Écoutons les Femmes” : le Syndicat de Professionnelles et Professionnels du Gouvernement du Québec (SPGQ) organise une série de conférences tout au long du mois de mars sous ce thème qui vise à illustrer ce constat, les femmes veulent des mesures concrètes pour combattre la pauvreté et la violence qu’elles subissent afin d’améliorer considérablement leurs conditions de vie et de travail.

Podcast/balado : 

  • Femmes, Inégalités et pauvreté : un balado qui accompagne la brochure préparée par le Collectif pour un Québec sans pauvreté qui présente les données les plus récentes sur les inégalités économiques et salariales, la conciliation famille-travail, le logement, l’itinérance et bien d’autres enjeux; extrêmement détaillé, pertinent et percutant;

  • Un podcast à soi : Un podcast qui nous vient de la France, qui aborde avec sensibilité, pertinence et universalisme des thèmes allant de l’écoféminisme, conciliation travail-famille, l’intersectionnalité et bien d’autres sujets de société. 

Christian Belair
Villes d’impact : créer les conditions de succès pour les initiatives d’impact social

De nombreuses organisations à Montréal déploient ou soutiennent des initiatives d’impact, c’est à dire des initiatives qui ont pour but premier d’améliorer le bien-être des gens ou de l’environnement, en réponse à un besoin réel. En temps “normal”, ces organisations cherchent à contribuer de la manière la plus pertinente possible aux besoins sociaux et environnementaux importants. La réponse à la crise COVID-19 vient accentuer cette recherche de pertinence et de complémentarité. Il y a en effet beaucoup de besoins sociaux, beaucoup d’acteurs et beaucoup de solutions possibles. On peut donc se questionner sur les éléments qui permettent aux initiatives de réussir pleinement leurs visées et sur la relation entre ceux qui déploient et ceux qui soutiennent ces initiatives. 

À ce sujet, plusieurs pistes intéressantes émergent du rapport “Villes d’impact : soutenir la vitalité des écosystèmes d’impact social », produit par Credo, avec le soutien financier de la Ville de Montréal, la Maison de l’innovation sociale, la Fondation Mirella & Lino Saputo, et Loto-Québec

Si cette étude n’inclut pas les récents développements liés à la crise COVID-19, les éléments qui y sont documentés apparaissent toujours pertinents.

Déjà, dans la réponse à la crise, on constate que les organisations ont apporté quelques changements intéressants à la manière dont ils jouent leurs rôles :

  • Certains acteurs de soutien ont modifié leur approche pour offrir plus de flexibilité aux organismes qu’ils soutiennent, par exemple en diminuant les conditions d’utilisation des fonds ainsi que les exigences de reddition de compte; 

  • Certains acteurs de terrain ont réussi, peut-être plus facilement, à trouver des synergies plus ou moins inattendues avec d’autres organismes de leur quartier ; 

  • Les décideurs politiques travaillent davantage en équipe au delà des divergences politiques, et une attention accrue est portée aux plus vulnérables.

Est-ce que certaines de ces pratiques vont affecter durablement la manière dont ces acteurs jouent leurs rôles? Il y a bien des chances qu’on en arrive à se demander comment ces pratiques n’aient pas été la norme bien plus tôt. 

Plus que jamais, nous avons besoin d’un “écosystème” qui offre aux projets à vocation sociale les meilleures conditions pour réaliser pleinement leurs missions et leurs aspirations de changement social. 

 
 


Le rapport “Villes d’impact”

Le rapport explore les éléments clés qui permettent aux initiatives d’impact social d’atteindre leur plein potentiel et de maximiser leur impact individuel et collectif. Comprendre les éléments de réussite des initiatives d’impact, en partant de l’initiative elle-même jusqu’à l’environnement global dans lequel elle évolue, pourrait notamment permettre d’améliorer la qualité du soutien global offert par l’écosystème, et ultimement d’améliorer l’impact social total généré par celui-ci. 

Il est probable que la majorité des acteurs ne s’identifient pas à un regroupement aussi grand que l’écosystème d’impact social, et cela est tout à fait normal étant donné la diversité des visées, des approches et des secteurs. Or, les acteurs qui le composent partagent tous la même volonté: celle d’agir sur les problématiques sociales et environnementales de manière à les résoudre collectivement. En ce sens, ce concept d’écosystème pourrait tout de même faciliter la création de conditions favorables pour l’ensemble des acteurs sur le terrain. S’il s’agit d’une vision simplifiée qui est loin de refléter toute la complexité du sujet, les résultats peuvent être éclairants à de nombreux égards.

L’ensemble des éléments de réussite sont regroupés visuellement dans le schéma récapitulatif, puis détaillés un par un dans le corps du rapport. Dans l’ensemble, le rapport peut constituer une excellente introduction aux conditions pour l’impact, ainsi qu’un « aide-mémoire » utile pour les initiés.

RÉSUMÉ VISUEL (Cliquez pour agrandir) 

 
 

LÉGENDE : 

  • les rôles «terrain», qui réalisent les initiatives d’impact et agissent donc directement sur l’amélioration du bien-être des gens ou la santé des écosystèmes;

  • les rôles de soutien, qui viennent soutenir ces initiatives afin qu’elles réussissent pleinement leur mission sociale et maximisent leur potentiel d’impact

  • Enfin, autour de l’ensemble de ces rôles, il y a un certain contexte qui peut venir faciliter et amplifier le travail et le potentiel d’impact de l’ensemble des acteurs

 
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De nombreuses questions en suspens

Lorsqu’on applique cette perspective d’écosystème de soutien, on constate que les frontières sont floues entre les rôles de soutien et de terrain. Ce n’est pas aussi clair il y a un ensemble d’acteurs dédiés à soutenir la réussite d’autres acteurs, qui eux font une différence sur le terrain. Des questions émergent alors sur la composition de l’écosystème et sur les relations entre les acteurs: est-ce cette configuration qui maximise l’impact total de l’écosystème? Les acteurs de soutien évaluent-ils leur succès sur les bonnes bases? Les acteurs de soutien devraient-ils davantage travailler en réseau au bénéfice des acteurs terrain? Ces derniers devraient, en théorie, pouvoir facilement exprimer leurs besoins (pour parvenir à créer de l’impact) et pouvoir se faire offrir un « panier » de soutien adapté à leurs contextes et leurs aspirations.

Plusieurs questions clés émergent de l’étude concernant l’alignement collectif des différents acteurs: peut-on parvenir à une définition collective du succès de l’écosystème? Un travail collectif et trisectoriel, autour de changements précis, est-il envisageable, souhaitable, nécessaire? Comment aller au delà des buzzwords? Quelles dynamiques et quels obstacles viennent empêcher cet alignement collectif? Comment rendre plus transparentes les différences de visions et les rapports de pouvoir entre les acteurs, afin que la discussion puisse réellement porter sur la transformation sociale? Autant de questions qui nécessitent de se pencher plus profondément sur les recherches actuelles et à venir. 

En attendant, nous vous invitons à participer à une première autour du rapport lors de notre évènement en ligne le 11 novembre prochain de 12h30 à 14h00.

Christian Belair
Résilience et empathie
Photo by Giorgio Trovato

Les derniers jours ont été sans répits. L’évolution de la situation nous a toutes et tous pris de court, de la montée en flèche des gens touchés par le virus COVID-19, à l’interruption d’une part importante de l’économie québécoise, jusqu’à nos plus petites habitudes journalières; distance entre les familles, les amis, les voisins, les collègues, etc. C’est maintenant de sagesse commune; la présente crise changera notre monde, notre société et nos façons de faire, et ce à jamais. 

Même le « business as usual » n’est plus « as usual ». On parle aisément de mises à pied, de restructuration, on anticipe avec effroi l’impact de la crise sanitaire et économique sur les plus démunis et vulnérables de nos sociétés, susceptibles de vivre une double peine. Si l’anxiété, l’isolement social et la détresse psychologique sont plus visibles aujourd’hui, ce n’est qu’une question de temps avant que leurs causes profondes émergent également. La crise ne fait qu’exacerber les problèmes déjà présents dans notre système. Tout en étant plus que solidaire aux travailleurs de la santé en ligne de front, chacun ne saurait cacher ses questionnements actuels sur la pertinence de son rôle - et de ses responsabilités. 

En toute humilité, nous n’avons pas, nous non plus, toutes les réponses et nous apprenons comme tout le monde à naviguer dans cette incertitude inédite, sans prétendre que les solutions d’hier s’appliqueront aux problèmes de demain. 

Néanmoins, nous pensons qu’en ces temps de crise, le temps est venu pour nos entreprises et nos organisations, qu’elles soient publiques, sociales ou privées, de prendre conscience et de réaliser leur plein potentiel d’action et d’impact sur les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de notre époque – y compris ceux exacerbés par la  présente pandémie mondiale. Cela implique d’embrasser des visions audacieuses et systémiques des changements sociaux et environnementaux à effectuer - et que ce qui était radical il y a quelques semaines - devrait aujourd'hui servir de base à nos échanges et à nos réflexions. Espérons que la résilience et l’empathie permettront à l'authenticité et la cohérence de trouver leur chemin dans le coeur des leaders et nous guider vers une réelle sortie de crise. 

Comme plusieurs, notre équipe a pris le temps d’absorber le choc ces derniers jours. Plus que jamais, nous croyons qu’il est de notre devoir de poursuivre notre mission,  accélérer le changement social, et de tendre la main aux collaborations. Et qu’au cœur même de la crise, il faut continuer à travailler, à se donner tous ensemble les moyens de rêver d’un monde plus inclusif et juste ; de faire émaner de cette crise un nouveau récit collectif, un changement de cap réel. 

En communauté,

L’équipe de Credo. 

Christian BelairCredo